« Jusqu’à 10 000 grains de pollens de cyprès par m3 ! c’est le nombre de particules enregistré ces dernières semaines dans le Sud de la France », indique le Pr Pascal Demoly, pneumologue, allergologue au CHU de Montpellier. Le bouleau sévit actuellement en région parisienne, avant la vague de pollens de graminées, en décalage toujours par rapport au Sud, en raison du différentiel de températures.
Puisque déclenchée par divers pollens, la rhinite allergique n’est plus seulement un rhume des foins, mais se manifeste à plusieurs reprises dans l’année. Une rhinite allergique que l’on dit intermittente. Il s’agit de la maladie chronique la plus fréquente ; elle concerne toutes les tranches d’âge, et les jeunes gens en particulier. Obstruction nasale, réveils nocturnes, conjonctivite, la qualité de vie est indéniablement altérée, d’autant qu’un tiers de ces rhinites sont associées à un asthme pollinique. Quand s’ajoutent des cofacteurs de risque, pics de pollution notamment, la « crise » peut se solder par un passage aux urgences.
Consultation spécialisée
Si la symptomatologie est légère, le traitement peut être probabiliste, par des antihistaminiques (de deuxième génération bien sûr, moins « somnifères »). Une consultation spécialisée est nécessaire lorsque la qualité de vie est compromise, par la répétition des symptômes, évocateurs, toujours à la même période ou si un premier traitement n’a pas fonctionné. La biologie d’emblée, à la recherche de tel ou tel TgE spécifique, n’a pas d’intérêt (hormis le test multi-allergénique de dépistage) : « On n’y trouve en effet que ce que l’on cherche, regrette le Pr Demoly. À la différence des batteries de tests cutanés, choisies en fonction de la région (arbres et graminées) et de l’interrogatoire. » De petites effractions épicutanées sont réalisées avec une aiguille sur une source d’allergène, la même matière première qui servira à la désensibilisation si elle est indiquée. La prise en charge est fonction de l’intensité des crises de rhinite : anti-histaminique et/ou corticoïde local, en deuxième intention ou d’emblée en cas de résistance à l’anti-histaminique lors des précédents épisodes, parce que 2 à 3 fois plus puissant. En complément éventuel, des antihistaminiques et des corticoïdes oculaires. Il est par ailleurs conseillé de suivre le bulletin allergo-pollinique* pour des mesures préventives.
Immunothérapie allergénique
Enfin, la rhinite peut être associée à un asthme ; c’est ici, dans ces formes sévères, que l’immunothérapie allergénique (ITA) a sa place. « Hors la forme sublinguale ou sous-cutanée (aujourd’hui peu utilisée en France), nous disposons de deux comprimés d’ITA pour les pollens de graminées, à doses standardisées, signale le Pr Demoly, avec un solide dossier clinique. » Faute d’adaptation possible des doses, la forme goutte est intéressante pour les formes très sévères, ou chez l’enfant, quitte, une fois atteinte la dose thérapeutique, à revenir à la forme comprimé. Après 3 ans d’ITA (puis arrêt), sur 4 à 6 mois (4 mois avant le début de la saison, puis 2 mois pendant), au moins la moitié des patients sont exempts de traitement symptomatique. Dès la première saison pollinique, la taille d’effet de l’ITA atteint au moins celle des corticoïdes locaux. « Dernier atout de l’ITA, la prévention de l’asthme pollinique, appréciée sur les sifflements, les traitements de l’asthme, le recours aux urgences, etc., dans une très belle étude pédiatrique demandée par l’EMA », conclut le Pr Demoly.
* www.pollens.fr, le site du Réseau nationale de Surveillance aérobiologique
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