Alors que la hausse inhabituelle des cas de maladie invasive à streptocoque du groupe A (iSGA) et de scarlatine, observée dans plusieurs pays européens (France, Irlande, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni), touche particulièrement les enfants de moins de 10 ans, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que « le risque pour la population générale posé par les infections à l'iSGA est actuellement faible » tout en appelant à la vigilance.
Dans un communiqué, l’agence de l’ONU dresse un état des lieux des cas recensés. En France, la vague de cas d’iSGA touche différentes régions (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine), principalement chez les enfants de moins de 10 ans, indiquait Santé publique France (SPF) début décembre. Une augmentation des cas de scarlatine est également signalée depuis septembre 2022.
Un phénomène encore inexpliqué
En Irlande, la hausse a commencé début octobre, avec 23 cas d'iSGA signalés depuis cette date (11 cas sur la même période en 2019). Aux Pays-Bas, le phénomène remonte à mars dernier, sans ralentissement depuis. Des co-infections varicelle-zona et virus respiratoires y ont été signalées. En Suède, où la hausse est marquée depuis octobre également, les autorités sanitaires ont rapporté 93 cas d'octobre à début décembre, dont 16 chez des moins de 10 ans, contre seulement 7 cas dans cette tranche d’âge entre octobre et décembre 2018 et 10 cas en 2019.
Au Royaume-Uni, le début de l’été a été marqué par une épidémie de scarlatine, qui a ralenti en août avant de reprendre mi-septembre. Au total, 4 622 cas ont été signalés des semaines 37 à 46 (dont 851 notifications pour la seule semaine 46), contre une moyenne de 1 294 (de 258 à 2008) pour cette même période au cours des cinq années précédentes. Concernant les cas d’iSGA, alors que la moyenne des cinq dernières années s’élève à 248 cas (de 142 à 357), 509 notifications ont été enregistrées au 8 décembre.
Pour expliquer le phénomène, l’OMS avance l’hypothèse d’un début « précoce » de la saison d'infection à streptocoque du groupe A (SGA), « coïncidant avec une augmentation de la circulation des virus respiratoires et une éventuelle co-infection virale qui peut augmenter le risque de maladie invasive à SGA », est-il expliqué. Ceci, dans un contexte de brassage accru des populations après une circulation réduite due à la pandémie.
Deux éléments apparaissent rassurants selon l’agence : l'absence de nouveau type de séquence du gène emm et la remontée de données n’indiquant aucune augmentation de la résistance aux antibiotiques. Un appel à la vigilance est tout de même adressé aux États, invités à renforcer la surveillance, à améliorer la détection précoce pour un traitement rapide et à signaler toute augmentation inattendue de l'incidence nationale ou régionale à l’OMS.
La DGS rappelle la conduite à tenir
En France, la Direction générale de la santé (DGS) rappelle dans un « DGS urgent » que « plus de 80 % des angines sont d’origine virale et que l’antibiothérapie (amoxicilline en 1re intention) n’est recommandée qu’en cas de Trod angine positif ». Dans les rares cas où le SGA entraîne une iSGA, la létalité est estimée à 20 % toutes pathologies confondues, justifiant une « mise sous antibiothérapie en urgence ».
En matière de surveillance, Santé publique France (SPF) a élaboré un protocole d’investigation des cas d’iSGA communautaires pédiatriques sévères, auquel est associé un questionnaire de documentation des cas. Mais cela « ne se substitue pas au circuit de signalement », insiste la DGS : « Tous les cas (pédiatriques et adultes) d’iSGA nécessitant une hospitalisation doivent faire l’objet d’un signalement dans les meilleurs délais à l’agence régionale de santé », dans l'objectif de pouvoir mettre en œuvre « dans les meilleurs délais, les mesures de santé publique dans l’entourage des cas ».
Faire un Trod à l'entourage
En matière de prise en charge, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne sont pas recommandés, une enquête de pharmacovigilance des centres régionaux de Tours et Marseille suggérant que ces infections pourraient être aggravées par la prise d’AINS. Pour les contacts, un diagnostic (Trod) et le traitement précoce des infections sont recommandés.
Pour les contacts à risque (65 ans et plus, varicelle évolutive, lésions cutanées étendues, toxicomanie intraveineuse, pathologie évolutive comme le diabète, le cancer, l’hémopathie, l’infection par le VIH ou l’insuffisance cardiaque ou en cas de prise importante de corticoïdes par voie orale), une antibioprophylaxie est recommandée, « de préférence dans les 24 heures suivant l'identification du cas » et « jusqu'à 7 jours après le dernier contact avec le cas ». Si le cas vit sous le même toit que le contact à risque, il est recommandé de traiter en prévention tous les membres du foyer. Dans un contexte de tensions sur l’approvisionnement en antibiotiques, il est conseillé de privilégier en prévention pour les cas contacts à risque : les céphalosporines orales (céfalexine, cefuroxime-axetil, voire cefpodoxime ou céfixime) ou les macrolides (clarithromycine, voire azithromycine).
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