La varénicline est efficace dans le sevrage tabagique chez les patients VIH

Publié le 27/02/2015
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Crédit photo : PHANIE

« Notre étude montre que l’utilisation de la varénicline est efficace pour arrêter de fumer chez les patients vivant avec le VIH. Il y a cependant des conditions à réunir pour obtenir ces résultats : il faut être motivé, bénéficier de conseils et d’un suivi régulier par un tabacologue, ne pas être dans un état anxieux ou dépressif et avoir une infection VIH bien contrôlée », explique le Pr Patrick Mercié (Hôpital Saint-André, CHU de Bordeaux). Les résultats de l’étude multicentrique ANRS 144 Inter-ACTIV qu’il a dirigée, viennent d’être présentés à l’oral lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) à Seattle (États-Unis).

Prévalence du tabagisme plus élevée

Dans le sevrage tabagique, la varénicline (Champix des laboratoires Pfizer) a une efficacité évaluée à 23 % à 52 semaines en population générale (contre 10 % avec un placebo). Son efficacité et sa tolérance n’avaient jamais été évaluées chez les patients infectés par le VIH pas plus qu’une éventuelle répercussion sur la réplication virale et le niveau de lymphocytes T CD4+.

L’enjeu chez les patients VIH est important. La prévalence du tabagisme y est plus élevée que dans la population générale (entre 50 et 60 % vs 30 à 40 %) alors que l’infection par le VIH les expose à un risque accru de maladies cardio-vasculaires, de cancers, dont celui du poumon, et d’infections, notamment pulmonaires, qui sont aggravés par la consommation de tabac.

L’essai du Pr Mercié et col. a été mené dans 30 centres cliniques de métropole et des DOM-TOM chez 248 patients infectés par le VIH et bénéficiant d’un traitement antirétroviral. Ces patients tous fumeurs, et motivés pour arrêter leur tabagisme, ont été répartis en deux groupes : le premier a reçu de la varénicline pendant 12 semaines (1 mg une fois par jour, après une hausse progressive la première semaine, puis deux fois par jour conformément aux recommandations) ; le second était mis sous placebo. Après les 12 semaines de traitement, les patients ont été suivis pendant 36 semaines.

Taux d’abstinence 2 fois plus élevé

L’objectif principal était l’abstinence continue de la consommation de tabac de la 9e à la 48e semaine. « La différence entre les deux groupes est significative, la possibilité d’obtenir une abstinence étant près de 2 fois plus élevée avec le traitement par varénicline », souligne le Pr Mercié. En effet, à 48e semaine, 17,6 % des patients étaient abstinents dans le groupe varénicline contre 7,2 % dans le groupe placebo.

À la fin du traitement (12 semaines), les pourcentages étaient respectivement de 34,3 %, et de 12,6 %. En termes de tolérance, aucun événement significatif cardio-vasculaire n’a été rapporté dans les deux groupes.

Parmi les patients traités par varénicline, les événements les plus fréquents ont été les nausées, les douleurs abdominales et les troubles du sommeil. Par rapport au placebo, il n’y avait pas plus de troubles psychiatriques graves. Enfin, aucun impact négatif n’a été constaté sur la mesure de la charge virale ou le taux de lymphocytes CD4+.

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr