En quelques années, la prise en charge de l’hépatite C a enregistré des progrès considérables, rappelle le Pr Christophe Hézode : traitements de plus en plus courts, efficaces, pangénotypiques, en une prise quotidienne, sans ribavirine, peu d’interactions et d’impact de la fonction rénale.
Les produits de seconde génération, en particulier l’association glécaprévir/pibrentasvir (G/P), étant actifs sur les souches résistant aux antiviraux de première génération. « On ne voit pas comment on pourrait faire mieux », poursuit le Pr Hézode. Il faut donc agir sur le dépistage et la prise en charge, en sachant que des progrès ont déjà été accomplis : ainsi, en 2014, 85 % des patients traités présentaient une fibrose, pourcentage qui est descendu à 20 % en 2016. De 15 000 patients traités en 2015, on devrait passer à 20 000 en 2016. Reste que cela est insuffisant si l’on veut atteindre l’éradication en 2030.
Agir sur les causes d’échec
Il faut bien sûr agir sur les causes d’échec notamment sur les résistances, même si leur responsabilité est faible (< 1 % des échecs). À ce titre, il faut savoir dépister des interactions : IPP, jus de pamplemousse, millepertuis, ce qui doit conduire à interroger le patient sur l’automédication et la naturopathie. De fait, la non-observance joue un rôle plus important, qu’elle soit motivée par des effets indésirables (troubles digestifs et du sommeil, céphalées, HTA) ou simplement le refus de se traiter. D’où l’importance de l’éducation thérapeutique, des consultations d’automédication et d’observance, sans oublier le rôle essentiel des associations de patients.
Élargir la prescription
Mais l’objectif d’éradication ne pourra pas être atteint si les règles de prescription ne sont pas modifiées et si l’on n’implique pas les généralistes, ce qui passe par l'information, la formation et des incitations. Une étude a montré que l’efficacité thérapeutique est équivalente que le traitement soit administré par un spécialiste, par un généraliste ou même par un infirmier (après une formation de 3 heures). Ce changement de stratégie serait vraisemblablement bénéfique en termes de dépistage car, malgré les 3 millions de tests, les campagnes actuelles atteignent encore trop peu la population âgée, alors qu’elle compte beaucoup de porteurs de VHC. Reste à faire rentrer ce changement de stratégie dans les budgets de santé, ce qui ne sera sans doute pas simple.
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