Des infections virales, comme le VIH ou d’autres, sont connues pour pouvoir toucher les différentes tuniques du cœur ainsi que les vaisseaux. Mais avec le SARS-CoV-2, les cardiologues ont été frappés par la sévérité de l’expression cardiovasculaire de l’infection.
Les patients ayant une maladie cardiovasculaire ou des facteurs de risque ont un risque de mortalité liée à l’infection multiplié par deux par rapport à ceux sans antécédent, selon une méta-analyse incluant 8 500 patients (1). Si la réaction inflammatoire entraînée par l’infection peut décompenser la maladie cardiovasculaire sous-jacente, « les patients ont développé des complications inhabituelles, comme des thromboses coronaires et cérébrales ou des embolies pulmonaires (EP), sans en présenter nécessairement les facteurs de risque habituels », a indiqué au « Quotidien » le Pr Ariel Cohen, président de la Société française de cardiologie (SFC).
L’alerte sur l’EP a été lancée précocement devant l’incidence élevée et des phénomènes inhabituels de coagulation in situ dans les artères pulmonaires. Ainsi, un traitement anticoagulant a rapidement été recommandé chez les patients ayant une forme sévère de Covid, ce qui a permis de réduire la mortalité et le recours à la ventilation.
Atteintes atypiques potentiellement graves
Autre constat : l’expression clinique aiguë de myocardites et d’épanchements péricardiques ainsi que des manifestations cardiaques paroxystiques à type d’arythmies auxquelles s’ajoutent des insuffisances cardiaques parfois atypiques et une flambée de situations cliniques habituelles (syndromes coronaires aigus) ou inhabituelles avec élévation des taux de troponine témoignant d’une nécrose cellulaire et aggravant le pronostic.
Concernant les facteurs de risque, les publications ont confirmé le lourd tribut payé par les patients souffrant de surpoids et de diabète. Quant à l’hypertension artérielle (HTA), « il semble difficile de statuer à ce stade », a précisé le Pr Ariel Cohen. Des études sont en cours. Les sociétés savantes ont recommandé de poursuivre les antihypertenseurs habituels.
Cette flambée a été suivie, pendant le premier confinement, d’une diminution inattendue et inquiétante du nombre de patients hospitalisés pour syndrome coronaire aigu (22-35 %). Les auteurs d’une étude menée auprès de 21 sites en France (2) et dirigée par le Pr Nicolas Danchin de l’hôpital européen Georges Pompidou (AP-HP) ont émis l’hypothèse de la diminution de la pollution et du stress professionnel pour expliquer en partie cette baisse effective de l’incidence de la maladie coronarienne. Un constat identique a été rapporté par les neurologues vasculaires qui ont décrit une surexpression des AVC au début de la pandémie suivie par une réduction des hospitalisations.
Lors du premier confinement, les cardiologues ont réduit à l’indispensable les explorations. La meilleure connaissance de l’atteinte cardiovasculaire liée au SARS-CoV-2 a fait évoluer les pratiques. « La première vague nous a fait comprendre que le risque cardiovasculaire ne doit pas être négligé dans la lutte contre le Covid, a indiqué le Pr Cohen. Si nous sommes de nouveau amenés à déprogrammer certaines prises en charge d’affections graves, c’est à la condition de veiller à l’absence de perte de chance. »
La Fondation Cœur et Recherche (3), créée en 2010 par la SFC, a lancé un appel à projets pour soutenir les travaux portant sur les atteintes cardiaques du Covid-19. Comme l’explique le président de la SFC, « le SARS-CoV-2 peut donner des myocardites et il entraîne surtout des décompensations de maladies cardiaques et vasculaires, ce qui fait du Covid un modèle quasi expérimental des conséquences de l’inflammation et de l’expression sévère de la maladie cardiovasculaire ».
(1) A I Moula et al. J Clin Med, 2020, doi.org/10.3390/jcm9092685
(2) J Mesnier et al. The Lancet, 2020, doi.org/10.1016/S2468-2667(20)30188-2
(3) https://www.sfcardio.fr
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