À l’occasion de la journée mondiale des lépreux, l’Ordre de Malte lance son traditionnel appel aux dons pour soutenir ses actions dans les régions endémiques d’Afrique et d’Asie.
D’après les derniers chiffres officiels de 145 pays, plus de 210 000 nouveaux cas sont répertoriés chaque année par l’OMS. Avec 3 millions de malades à l’échelle mondiale, cette pathologie séculaire est encore bien loin de l’éradication. Pour Dominique Artur, directeur de la division Internationale et Outre-Mer de l’Ordre de Malte France (OMF), ces chiffres cachent surtout une réalité bien plus contrastée. « Il y a un fossé entre ce qui est exprimé en macro via l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les constatations que nous faisons en micro sur le terrain par le biais de nos acteurs », déclare-t-il.
« Il y a une recrudescence de lèpre dans des pays comme le Sénégal : là où les autorités locales annoncent 2 cas, nous en détectons 20 dont 20 à 25 % d’enfants. Au Congo où nous agissons depuis plus d’un an auprès des populations autochtones, on a une véritable endémie de lèpre. Cela foisonne. Idem au Mozambique. Le Brésil et l’Inde sont aussi des foyers de fortes endémies », s'alarme Dominique Artur.
Maladie taboue
« Combien de cas non détectés pour un cas détecté ? », interroge-t-il, alors que cette pathologie infectieuse liée au bacille Mycobacterium leprae peut se révéler après 20 ans d’incubation. Une période durant laquelle l’entourage peut être contaminé. « La lèpre reste un sujet sensible pour les autorités de santé », souligne le Pr Sylvie Faucompret, responsable du pôle santé à la direction internationale et outre-mer de l’OMF. En matière de lèpre, de nombreux pays dont la France ne répondent pas aux demandes d’information de l’OMS. Or, l’Ordre de Malte a dénombré 51 cas nouvellement détectés à Mayotte et a, par ailleurs, lancé l’alerte auprès des autorités françaises à propos de foyers de cas en Nouvelle-Calédonie.
La lèpre, c’est aussi entre 20 et 30 % d’infirmités lourdes liées à une prise en charge trop tardive (perte des deux mains, des pieds, cécité bilatérale, infections chroniques…) et des malades socialement marginalisés. Dans les zones à risque, l’Ordre de Malte met en exergue des difficultés récurrentes pour sensibiliser les populations au dépistage d’une maladie qui fait peur et reste parfois considérée comme une fatalité dans certaines communautés de territoires reculés.
28 000 consultations
L’association catholique hospitalière intervient aujourd’hui dans neuf pays touchés d’Afrique et d’Asie du Sud Est (Bénin, Cambodge, Cameroun, Guinée-Conakry, Laos, Madagascar, Mozambique, Sénégal, Vietnam). L’Ordre de Malte gère et soutient financièrement ou par le don de matériels, des hôpitaux, des structures de soins, des ateliers de cordonnerie et d’appareillage soit plus de 28 000 consultations de lépreux, près de 4 000 interventions chirurgicales réparatrices et plus de 3 300 malades appareillés au cours de l’année 2016.
L’association développe également des actions de formation et de transfert de compétences auprès des médecins et personnels de santé locaux, en partenariat avec des unités de médecine française pour la détection des complications, les traitements médicaux et chirurgicaux ou la réadaptation fonctionnelle.
Dons par SMS
Pour cette 65e journée mondiale des lépreux (du 26 au 28 janvier), l’Ordre de Malte va mobiliser 10 000 bénévoles dans toute la France pour mener sa quête de dons. L’association inaugure cette année un dispositif de don par SMS (au 92202 en tapant JML2, JML5 ou JML10 pour offrir deux, cinq ou dix euros). Plus de 650 000 euros ont été collectés en 2017. Très concrètement, 15 euros permettent de financer une paire de chaussures adaptée à un lépreux, 35 euros la prise en charge d’un patient (dépistage et surveillance du traitement), 200 euros, une opération de chirurgie réparatrice des mains, indique l’association.
Pour 2018, l’Ordre de Malte entend en outre concrétiser plusieurs projets, telle la création d’une unité lèpre dans le nord du Mozambique, la réhabilitation d’un dispensaire dans le nord du Laos ou la mise en place de missions chirurgicale dans le Nord Congo auprès de populations autochtones.
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