L’OMS publie ce 9 décembre son rapport annuel sur le paludisme dans le monde, qui annonce un bilan très positif des progrès réalisés entre 2000 et 2014 pour la lutte contre cette maladie. Sur cette période, 75 des 106 pays impaludés ont vu le nombre de cas diminuer de plus de 50 %, et l’on aurait évité plus de 6 milliards de décès.
Des mesures simples qui réduisent le coût humain et financier
« Nous savons ce qui fonctionne, le défi désormais est d’en faire plus », déclare le Dr Margaret Chan, directrice de l’OMS. La diffusion des moustiquaires imprégnées dans les zones impaludées est la mesure la plus efficace, principalement en Afrique (55 % des personnes dorment sous moustiquaire en Afrique subsaharienne en 2015 contre moins de 2 % en 2000). L’usage de la moustiquaire aurait permis d’éviter 68 % des cas de paludisme.
Derrière cette mesure suivent l’augmentation de l’usage des insecticides à effet rémanent et l’optimisation de la prise en charge de la maladie par l’utilisation en zone endémique de tests diagnostiques rapides, qui permettent de distinguer les cas avérés parmi les tableaux fébriles. Enfin, l’utilisation à large échelle des nouvelles combinaisons thérapeutiques à base de dérivés de l’artémisinine permet de réduire la mortalité.
En réduisant l’incidence, ces mesures ont généré une économie de plus de 900 millions de dollars depuis 2000, alors que leur financement s’élève à 2,7 milliards de dollars par an actuellement.
Trois milliards de personnes exposées dans 15 pays seulement
Depuis 2000, toutes les régions OMS ont progressé dans la lutte contre la maladie, dont l’incidence mondiale a baissé de 37 % et la mortalité de 60 % en 15 ans. La région Europe ne déclare aucun cas de paludisme autochtone pour la première fois, et la mortalité a baissé de plus de 60 % dans toutes les régions impaludées. Le rapport fait part d’une diminution encore plus forte chez les enfants de moins de 5 ans, qui sont les premières victimes de cette infection.
Les disparités régionales restent cependant considérables, et si 3,2 milliards d’individus restent exposés au paludisme, la majorité est concentrée dans 15 pays d’Afrique seulement. Cette région reste donc la plus touchée, avec 88 % des cas de paludisme et 90 % des cas mortels en 2015.
De nouveaux défis apparaissent
En 2015, l’OMS a recensé 214 millions de cas de paludisme dans le monde, et 438 000 décès. Si elle s’améliore, la situation reste donc préoccupante.
« Tandis que la charge mondiale de morbidité diminue, de nouveaux défis apparaissent », déclare le Dr Pedro Alonso, directeur du programme mondial de lutte antipaludique de l’organisation.
Le rapport relate par exemple que les pays les plus touchés par l’endémie sont ceux où l’incidence a le moins diminué, mettant en cause la faiblesse des systèmes de santé dans ces régions, qui laisse parfois jusqu’à un tiers de la population dénuée des mesures de protection efficaces.
On voit également émerger des populations d’anophèles résistantes aux insecticides, en parallèle de la généralisation de leur usage. De la même façon, de nombreux cas de paludisme liés à un plasmodium résistant aux dérivés de l’artémisinine ont été décrits en Asie du Sud Est, ce qui représente une réelle inquiétude.
Dans l’optique de répondre à ces nouvelles problématiques, l’OMS a publié en mai 2015 un nouveau plan de lutte contre le paludisme pour 2016-2030. Celui-ci fixe les objectifs futurs (réduction des cas de 90 % à l’échelle mondiale, élimination du paludisme dans 35 pays, et prévention de la résurgence dans les pays désormais exempts), et appelle à augmenter le financement annuel des pays à 8,7 milliards de dollars, ce chiffre tenant compte des économies futures liées au nombre de cas évités.
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