LE PREMIER traitement spécifique contre le Chikungunya sera peut-être bientôt disponible en France. C’est en effet ce que laissent espérer les résultats très prometteurs d’une équipe française Institut Pasteur/Inserm unité 604 travaillant sur les micro-organismes et barrières de l’hôte. Avec la participation active du Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB), les chercheurs sont parvenus à mettre au point un traitement préventif et curatif de l’infection virale, testé avec succès chez la souris. Le besoin d’un traitement spécifique est en effet pressant. Alors que chaque épidémie se propage rapidement via la transmission virale par les piqûres de moustiques, certaines populations à risque, telles que les personnes âgées et les nourrissons nés de mère infectée, sont susceptibles de développer des formes graves avec encéphalopathie.
Le mode de fabrication du traitement consiste à purifier le plasma de patients guéris et à en extraire les anticorps dirigés contre l’arbovirus, selon un procédé déjà utilisé pour un médicament du LFB (Tégéline) depuis de nombreuses années. Il est ainsi apparu que les deux produits issus de ces patients immunisés, à la fois sérum et anticorps purifiés, sont capables de guérir 100 % des souris infectées et de protéger de l’infection l’ensemble des rongeurs ayant reçu le traitement avant inoculation du virus.
Sérum et immunoglobuline purifiés.
Pour leur travail, les scientifiques ont utilisé le plasma sanguin de près de 600 patients réunionnais ayant guéri de l’infection à Chikungunya dans les suites de l’épidémie de 2005-2006, qui avait affecté à l’époque près d’un tiers de la population de l’île. Répondant à une demande du ministère de la Santé faite à l’industrie pharmaceutique, le LFB a collaboré avec l’antenne réunionnaise de l’Établissement français du sang afin de collecter le plasma, de contrôler la présence d’anticorps spécifiques et de réaliser les opérations de purification.
Dans ces études précliniques, les chercheurs se sont servis de deux modèles murins, développant une forme modérée ou sévère de la maladie. Une protection totale a été obtenue quel que soit l’âge des petits rongeurs. De plus, l’administration d’immunoglobulines anti-chikungunya a permis de bloquer totalement la dissémination virale au sérum et au cerveau et d’améliorer nettement l’atteinte musculaire et hépatique. Il est en effet apparu que contrôler les premières manifestations (virémie, troubles hépatiques) suffit à empêcher une éventuelle dissémination secondaire au cerveau. Deux lots de produits fabriqués par le LFB seront disponibles sous peu pour la réalisation d’études cliniques dans les populations à risque en cas de nouveaux foyers d’émergence du virus.
The Journal of Infectious Diseases 2 009 ; 200 : 516-523.
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