Depuis la réouverture des restaurants, des commerces, la quasi abrogation du couvre-feu et la disparition progressive des masques dans les espaces publics ouverts, le monde post-pandémique prend des allures de fête en plein air. Pour le plus grand bien de sa santé mentale, notre société a cette capacité à oublier les évènements traumatisants que nous avons vécus cette année, le terme Covid disparaît même très rapidement du langage des médias, si ce n’est pour rappeler épisodiquement que nous sommes en train de toucher le plafond de verre de la vaccination (encore bien loin des 80 % requis de couverture vaccinale qui nous permettrait d’envisager plus sereinement le retour du froid et de la promiscuité lors de la rentrée de septembre).
Pendant ce temps, l’hôpital panse ses plaies : de nombreux soignants en burn-out sont encore en arrêt, le personnel intérimaire déserte les services Covid qui persistent pour reprendre leur activité en clinique, les travaux d’entretien des locaux qui ont déjà été repoussés l’année dernière le sont encore une année supplémentaire, chacun regarde sa feuille de paye et se rend compte que les acquis économiques du Grenelle de la santé sont bien maigres, et les internes qui ont été très largement mis à contribution pendant la crise sanitaire, suspendant qui leur master, qui leur année à l’étranger, enfilant les gardes en réa, les visites en salle, et même pour certains s’investissant dans les vacations de vaccination, se sont mis en grève la semaine dernière pour demander que soit respectée la durée légale de leur temps de travail, 48 heures par semaine et non comme fréquemment rapporté, des plus de 60, 70 heures de travail continu.
Le RIP, instrument de discussion avec la population
Dans ce cadre un peu morose du monde de la santé, en contraste patent avec l’ambiance plutôt festive qui précède les départs en vacances d’été, notrehopital.org, collectif de citoyens, soignants et d’ONG œuvrant dans le domaine du médical et du social a lancé le Référendum d’Initiative Partagée (RIP) pour soutenir la refondation de l’hôpital public qui souffre depuis des dizaines d’années du manque chronique de moyens financiers et humains.
De réforme en réforme, l’hôpital s’est appauvri alors que l’on a vu combien il a pu faire de miracles cette année de crise sanitaire majeure avec plus de matériel, plus de ressources humaines. Ces 15 derniers mois, l’hôpital s’est réinventé, a innové, s’est adapté d’heure en heure aux contraintes imposées par le tsunami viral qui l’a heurté de plein fouet. Il a tremblé mais a résisté et en est sorti humainement grandi. Il a retrouvé sa fonction première qui est de prendre soin de chacun indépendamment de son âge, de sa place dans la société, de l’argent qu’il gagne, des papiers d’identité qu’il a ou pas.
Maintenant que l’on commence à tirer le bilan de cette année hors norme, le RIP doit être l’instrument de discussion nécessaire à l’évolution de l’hôpital : garantir l’égalité d’accès aux soins pour tous, assurer un nombre de soignants suffisant, définir la quantité de lits en fonction des besoins, revoir le financement de l’hôpital et surtout instaurer une démocratie sanitaire qui, même en période de crise, permettrait d’impliquer chaque citoyen dans les décisions à prendre pour protéger sa santé.
L’échéance récente des élections régionales et départementales pour l’élection de représentants dont les prérogatives sont peu connues des citoyens et où de fait, l’abstention a été le parti majoritaire, doit nous enseigner l’importance d’impliquer le peuple dans les décisions qui touchent au cœur de sa vie quotidienne. On l’a bien vu cette année, la santé est l’enjeu majeur de notre société, bien avant l’économie ou la sécurité, car seule une crise sanitaire majeure a réussi à mettre le monde entier à l’arrêt pendant plusieurs mois.
S’engager à signer le RIP sur notrehopital.org est un acte fondateur de notre démocratie sanitaire à venir. Chaque personne qui s’y exprimera y sera un des maillons du pacte qui doit nous lier pour mieux s’approprier notre santé. On va bientôt tirer les enseignements de la crise sanitaire majeure que nous venons de traverser, que le RIP soit l’illustration de la prise en compte de ces leçons, pour un système de santé adapté aux enjeux de demain.
Exergue : La santé est l’enjeu majeur de notre société, bien avant l’économie ou la sécurité : seule une crise sanitaire majeure a réussi à mettre le monde entier à l’arrêt
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