Quelle est la réponse immunitaire des contrôleurs du VIH ? Une étude publiée dans « Nature Communications » apporte un éclairage sur l'immunité humorale chez les contrôleurs post-traitement (PTC). Deux profils de réponse se dégagent selon l'activité du virus observée, démontrent les équipes de l'Institut Pasteur, de l'Inserm et de l'AP-HP ayant collaboré à ces travaux avec le soutien de l'ANRS-Maladies infectieuses émergentes et les Instituts nationaux de la santé américains (NIH).
L'analyse révèle que certains PTC ayant des épisodes transitoires d'activité du virus ont une réponse immunitaire à la fois efficace et robuste, ce qui pourrait contribuer au contrôle de l'infection en l'absence de traitement.
Élucider les mécanismes de contrôle
De rares individus porteurs du VIH-1 et ayant bénéficié d'un traitement précoce maintenu pendant plusieurs années ont la capacité, à l'arrêt de leur traitement, de contrôler le virus sur le long terme. Cependant, les mécanismes de contrôle ne sont pas entièrement élucidés. Comme les contrôleurs naturels du VIH, les PTC « offrent des opportunités uniques de comprendre les mécanismes de contrôle viral durable sans traitement antirétroviral », rappellent les auteurs.
C'est à partir de l'étude Visconti, la plus grande cohorte de PTC à long terme décrite, que l'équipe menée par le chercheur Hugo Mouquet de l'Institut Pasteur, a réalisé une étude exhaustive afin de caractériser leur production de lymphocytes B et d'anticorps spécifiques, en comparaison aux individus non contrôleurs. Dans ce travail, ont été inclus 22 PTC de la cohorte Visconti et 21 patients traités précocement ayant eu un rebond viral après interruption de traitement issus de la cohorte ANRS CO6 Primo.
Une réponse spécifique et polyfonctionnelle
Chez les PTC qui connaissent de courts épisodes pendant lesquels le virus reprend une faible activité après l'interruption du traitement antirétroviral, l'exposition aux antigènes viraux induit une réponse humorale spécifique, polyfonctionnelle et robuste.
À savoir :
- une réponse humorale anti-VIH-1 forte, impliquant l'intervention plus fréquente de cellules B mémoires spécifiques des antigènes d'enveloppe du VIH-1 ;
- la production d'anticorps ayant une activité neutralisante croisée et qui possèdent des activités antivirales dites « effectrices », impliquant la reconnaissance des cellules infectées liées aux anticorps par les cellules de l'immunité innée, qui induisent leur élimination ;
- l'augmentation dans le sang de lymphocytes B mémoires atypiques et de sous-populations de lymphocytes T auxiliaires activées.
Des pistes thérapeutiques ou vaccinales
A contrario, il apparaît aussi que « d'autres PTC chez lesquels le virus reste indétectable en permanence après l'interruption du traitement ne développent pas de réponse humorale forte », est-il souligné dans un communiqué. Les mécanismes de contrôle continuent d'être investigués dans le cadre de l'étude Visconti.
Pour Hugo Mouquet, l'investigateur principal, « ces résultats montrent que la mise en place d'un traitement antirétroviral précoce peut faciliter le développement optimal de réponses immunitaires humorales, permettant dans certains cas de contrer le rebond viral après interruption du traitement ». La réponse immunitaire des PTC ayant des épisodes courts de réveil du virus « pourrait même inspirer de nouvelles stratégies thérapeutiques ou vaccinales », est-il indiqué. Les anticorps neutralisants à large spectre, déjà utilisés en thérapeutique et testés comme vaccin, sont également expérimentés contre les réservoirs viraux, en association à un traitement antirétroviral précoce.
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