Livres / Les documents de la rentrée

De vives voix

Publié le 14/09/2010
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LES GRANDES VOIX, ce sont par exemple celles de Jacques Attali, qui propose, dans « Phare : 25 destins » (Fayard), autant de minibiographies de grandes figures de l’humanité ; de Boris Cyrulnik, qui, dans « Et mourir de dire : la honte » (Odile Jacob), met en évidence un sentiment à part ainsi que les moyens de retrouver fierté et liberté ; d’Alain Finkielkraut, qui s’attaque au discours sur la Shoah dans « l’Interminable écriture de l’extermination, répliques » (Stock) ; d’Alain Minc, qui dressera « Une histoire politique des intellectuels » (Grasset) ; ou de Marcel Rufo, dont « l’abécédaire Marcel Rufo » (Anne Carrière) est destiné à « comprendre pour éduquer ».

On peut y ajouter celle de Didier Porte, qui fait le récit ironique de son éviction de France Inter en même temps que Stéphane Guillon dans « Insupportable : chronique d’un licenciement bien mérité » (First), ou celles, dans des registres différents, d’Ingrid Betancourt qui raconte sa captivité aux mains des FARC entre 2002 et 2008 dans « Même le silence a une fin » (Gallimard), et de Jean-Louis Courjault, au cœur de l’affaire des « bébés congelés » avec sa femme Véronique , qui explique : « Je ne pouvais pas l’abandonner : le Choix de comprendre » (Michel Lafon).

Tout est politique.

À l’approche de la campagne pour la présidentielle de 2012, le livre politique recommence à fleurir. L’exemple venant de haut, on ne dénombre pas moins de 6 titres dédiés à l’actuel chef de l’État (mais aussi 8 titres concernant la politique sécuritaire et 9 la question identitaire).

Dont un pamphlet de Denis Jeambar, « Monsieur le Président, tout est pourri dans votre royaume » (L’Opportun), où l’auteur s’interroge sur la possibilité qu’un mouvement contestataire se mette en place ; une analyse psychologique signée Marie-Eve Malouines, « Nicolas Sarkozy : le pouvoir et la peur » (Stock), d’où il résulte que le président se sert de l’exercice du pouvoir pour panser ses blessures, colmater ses failles et atténuer ses peurs ; et encore, par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, « le Président des riches » (Zones), et par Cyril Lemieux, « Nicolas Sarkozy élu par les médias » (Transvalor - Presses de l’Ecole des mines).

Les autres têtes de liste de l’édition étant, dans le désordre, Christine Lagarde, Dominique Strauss-Kahn, Michel Rocard, Hervé Morin, Chantal Jouanno, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg.

À noter par ailleurs, hors frontières, les mémoires de Tony Blair (Albin Michel) et de Lech Walesa (L’Archipel), et une biographie de Nelson Mandela, « Une vie » (L’Archipel), ainsi que sa correspondance, « Conversations avec moi-même » (La Martinière), préfacée par Barak Obama.

L’école, la galère.

Rares sont les titres, sur les 22 nouveaux livres qui dissèquent le système éducatif, qui ne le dénoncent pas. De la maternelle à l’université, critiques et cris d’alarme se succèdent, souvent par des auteurs du sérail qui oscillent entre déception et rancœur.

Dans « l’École de la honte » (Don Quichotte éditions), Émilie Sapielak décrit son quotidien de professeure de français dans un collège assimilé à un asile de fous ; Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette témoignent des « Harcèlements et brimades entre élèves : la face cachée de la violence scolaire » (Fabert) ; dans « On achève bien les écoliers » (Grasset), Peter Gumbel dénonce les dangers de la culture de l’excellence ; Jean-Paul Brighelli montre dans « Tireurs d’élites » (Plon/Jean-Claude Gawsewitch) comment les grandes écoles constituent le dernier pôle de réussite face à un système scolaire qui décourage les bons élèves sans pour autant répondre aux besoins des élèves en difficulté ; Gaëlle Henri-Panabière, avec « Des héritiers en échec scolaire » (La Dispute), s’est intéressée aux enfants de parents fortement diplômés qui ne réussissent pas ; tandis que, plus anecdotique, on lira, sous le nom de Princesse Soso, les « Chroniques d’une prof qui en saigne » (Privé), le quotidien drôle et caustique, d’un professeur d’anglais dans un collège de province.

Mourir au travail.

Pour peu que les jeunes ouvrent la porte d’une librairie, ils constateront que la vie au travail est aussi une galère. « Ils ont failli me tuer » (Flammarion), assure Vincent Talaouit, ancien ingénieur de France Télécom-Orange, qui a déposé une plainte de harcèlement moral. « Le Suicide en entreprise » (Ed. Du Palio/Sémiode) est une réflexion sur le sens de ce geste par Ariane Bilheran, qui s’interroge sur une éventuelle récupération médiatique du phénomène. Cosigné Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, et Jean-Bernard Senon, « Au cœur du travail » (Flammarion) est une analyse, au travers de 15 rencontres d’hommes et de femmes vivant leur travail comme une douleur, de la réalité du mal-être actuel. « 183 jours dans la barbarie ordinaire : en CDD chez Pôle emploi » (Plon) est un récit signé Marion Bergeron, tandis que Dominique Servant, sous le titre « Ne pas craquer au travail » (Odile Jacob), propose un guide pour surmonter les multiples difficultés rencontrées.

Tout finit par des chansons.

Les chanteurs écrivent, et l’on écrit sur eux. Eddy Mitchell, Bashung, Jean Ferrat, Jean-Jacques Goldman, Catherine Lara, Mylène Farmer comptent au nombre des vedettes de l’automne mais c’est Joe Dassin, mort il y a trente ans, qui est la véritable star avec trois titres.

Mais plus que variété, la rentrée s’annonce pop-rock. Avec des biographies : « Ma nuit avec Neil Young » (Castor Astral) par Noël Balen, « Janis Joplin » (JBZ & Cie : France Culture), morte à l’âge de 27 ans en octobre 1970, par Jeanne-Martine Vacher, « U2, la biographie » (City) par Arthur Ross – l’histoire du groupe étant par ailleurs retracée à travers 100 mots par Hubert Allin dans « Petit dico de U2 » (Rocher).

Il faudra attendre octobre pour découvrir « Just Kids », dans lequel l’icône punk Patti Smith revient sur ses années de bohème dans le New York des années 1970 et sur son amitié amoureuse avec le photographie Robert Mapplethorpe, mort du sida à 42 ans.

Les anniversaires de la mort de deux autres monstres sacrés sont également largement salués. Celui de Jimi Hendrix (1942-1970) par 4 titres et celui de John Lennon (1940-1980) par 5 titres, dont un portrait intime du fondateur des Beatles par l’écrivain David Foenkinos, présenté sous forme de monologues, alors que Lennon se raconte à son psy (de 1975 à 1980).

MARTINE FRENEUIL
En complément

Source : Le Quotidien du Médecin: 8814