Dans le cadre de la Rencontre des entrepreneurs de France, qui remplace l'Université d'été du MEDEF, le Service aux entreprises pour la santé au travail (SEST, dont sont adhérentes 6 500 entreprises en Ile-de-France) a donné ce mercredi 28 août son avis sur la réforme à venir de la santé au travail, prévue dans les suites du rapport Lecocq – rendu il y a un an.
Ce rapport préconise d'améliorer la prévention, de créer des guichets uniques régionaux – qui réuniraient les services de santé au travail interentreprises, les représentations régionales de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), et les agents chargés de la prévention au sein des Carsat (assurance-maladie) – ou encore de développer l'usage de la télémédecine.
Denys Brunel, ancien chef d'entreprise et président du SEST, juge le système actuel peu satisfaisant, et donc le changement nécessaire. Mais le principe d'un guichet unique rencontre des réticences chez les représentants des entreprises. « Un guichet unique va rendre la gestion coûteuse et peu ouverte à l'innovation, on peut craindre une hausse des cotisations pour les entreprises et un système trop administré », indique Denys Brunel.
Inclure les libéraux dans la santé au travail ?
Au lieu d'un « gestionnaire unique », le SEST plaide pour deux à six services de santé par région « pour que les entreprises aient le choix ». « Il y a actuellement 240 services de santé au travail en France, cela peut bien sûr être réduit, mais gardons en au moins deux à six par région. Il faut de la concurrence et non du monopole », indique Denys Brunel.
En revanche, plus de proximité permettrait de développer la télémédecine, de mettre en place un logiciel commun à tous les services de santé au travail ou de développer le dossier médical numérisé, estime-t-il. « Il nous faut aussi nous saisir de la question des data, qui n'a pas du tout été anticipée dans notre secteur », indique l'entrepreneur.
L'autre sujet d'inquiétude, c'est la pénurie médicale, « peu évoqué dans le rapport ». « Pourtant, c'est un sujet clé. L'âge moyen des médecins du travail est élevé et il y a peu de jeunes médecins qui choisissent cette voie. Peut-être faudrait-il faciliter l'inclusion de libéraux dans la santé au travail ? », s'interroge Denys Brunel, relayant une idée récurrente dans le secteur.
La réforme de la santé au travail a fait l'objet d'une discussion entre représentants des salariés et du patronat avant l'été, sans que les partenaires sociaux parviennent à se mettre d'accord sur le sujet. Le gouvernement avait prévenu qu'il prendrait les choses en main si les discussions échouaient. Pour le moment, la réforme est au point mort.
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