Vaccination contre les infections à pneumocoque : le CMG encourage l’utilisation de Vaxneuvance et de Prevenar 20

Vaxneuvance chez l’enfant et Prevenar 20 chez l’adulte : dans une fiche pratique publiée le 14 novembre, le Collège de la médecine générale (CMG) revient sur les évolutions récentes de la vaccination contre les infections à pneumocoque et incite les généralistes à vérifier le statut vaccinal de leurs patients éligibles.

Parmi les 94 sérotypes de pneumocoque (Streptococcus pneumoniae), environ 20 sont responsables de plus de 80 % des infections invasives à pneumocoque (IIP) et certains, comme le sérotype 3, ont des facteurs de virulence plus importants, est-il rappelé dans la fiche disponible en ligne. L’introduction successive des différents vaccins fait évoluer l’épidémiologie des sérotypes, et notamment de ceux responsables d’IIP.

Depuis la généralisation de la vaccination chez les enfants en 2006, l’incidence des IIP a diminué, « avec toutefois une légère remontée entre 2014 et 2019 (période précédant le Covid) », résume le CMG. En 2022, l’incidence était plus basse qu’en 2019, lit-on.

Dans le détail, en population générale, en 2022, les sérotypes couverts par le vaccin 13-valent (VPC13, Prevenar 13) ont quasiment disparu, à l’exception - entre autres - du sérotype 3, toujours responsable de 13 % des infections. Chez les moins de 16 ans, en 2022, les sérotypes non compris dans le VPC13 occupent une « place prépondérante » dans les cas, tandis que, chez les adultes, le sérotype vaccinal 3 progresse (16 %) et le sérotype 8 (15 %) est en diminution par rapport à 2021 (19 %).

Deux nouveaux vaccins…

Face à ces évolutions, deux nouveaux vaccins sont disponibles : Vaxneuvance (VPC15) chez l’enfant et Prevenar 20 (VPC20) chez l’adulte. Le premier, VPC15, est composé de 15 sérotypes : les 13 compris dans le VPC13 et 2 additionnels (22F et 33F). Les études montrent une non-infériorité du VPC15 par rapport au VPC13 pour les 13 sérotypes communs, relève le CMG. Ce vaccin élargi doit permettre de couvrir 24 % des infections invasives chez les enfants, est-il évalué.

Concernant le Prevenar 20 (VPC20), il contient 7 sérotypes de plus que le VPC13 (8, 10A, 11A, 12F, 15C, 22F et 33F). Si l’on ne dispose pas encore de données d’efficacité clinique, ce vaccin permettrait, selon l’épidémiologie de 2022, de couvrir 63 % des IIP de la population adulte, est-il évalué. À noter que le vaccin a fait l’objet d’une extension récente d’autorisation de mise sur le marché chez le nourrisson à partir de 6 semaines, l’enfant et l’adolescent ; mais la Haute Autorité de santé n’a pas encore précisé la place de Prévenar 20 dans la stratégie vaccinale chez l’enfant.

… à intégrer dans la pratique

Même si les données en vie réelle manquent encore, le CMG encourage à l’utilisation de ces deux nouveaux vaccins. Chez l’enfant, la Haute Autorité de santé (HAS) n’a pas émis de recommandation préférentielle entre le VPC13 et le VPC15. Mais, « le prix des deux vaccins [étant] le même », est-il souligné, le CMG préconise le second en raison d’un bénéfice supplémentaire probable.

Le schéma vaccinal repose sur des injections à 2 et 4 mois et un rappel à 11 mois. Une dose supplémentaire à 3 mois est recommandée pour les nourrissons prématurés ou à risque élevé d’infection. Un enfant qui a commencé sa vaccination avec VPC13 peut passer au VPC15 « à tout moment du schéma », est-il précisé. Une coadministration du VPC15 est possible avec les vaccins hexavalents, ROR, rotavirus, hépatite A, varicelle et grippe.

Chez l’adulte, la HAS, comme le CMG, recommande le passage au VPC20 chez les personnes à risque (personnes immunodéprimées, malades chroniques respiratoires, insuffisants rénaux et cardiaques, diabétiques non équilibrés, etc.), alors que la couverture vaccinale, estimée à 4,5% en 2018, « est très insuffisante ».

Les personnes ayant reçu une seule dose de VPC13 ou une seule dose de VPP23 (Pneumovax) peuvent recevoir une dose de VPC20 si la vaccination antérieure remonte à plus de 1 an. Pour ceux qui ont déjà été vaccinés avec la séquence VPC13 - VPP23, ils pourront recevoir une injection de VPC20 en respectant un délai de cinq ans après la précédente injection. Une coadministration est possible avec les vaccins grippe et Covid. La nécessité d’une revaccination avec une dose ultérieure de VPC 20 n’est pas établie à ce jour, est-il précisé.

Les généralistes sont encouragés à vérifier le statut vaccinal de leurs patients à risque et à leur proposer une vaccination avec une dose unique de VPC20. « Il faudra évaluer l’impact clinique de ces nouveaux vaccins, ainsi que l’évolution des sérotypes pathogènes » après leur introduction, conclut le CMG.