L'Académie nationale de médecine recommande la création d'au moins 75 lits au sein des unités de soins intensifs neurovasculaires (USI-NV) et l'augmentation du nombre de neurologues et de « neuro-interventionalistes », dans un rapport consacré à la prise en charge des personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) dans les unités neuro-vasculaires (UNV).
Pour rappel, les UNV - il en existe 138 en France - augmentent les chances de survie sans dépendance grâce à une meilleure prévention et prise en charge des complications et récidives précoces (on estime la réduction de la morbimortalité à 30 %).
Un patient sur deux n'a pas accès à une USI-NV
Mais l'Académie, sur la base d'une enquête menée en 2019 auprès de 123 UNV, pointe plusieurs dysfonctionnements, à l'origine de 5 000 décès ou dépendances évitables par an. Dans des conditions optimales, 55 000 patients supplémentaires devraient être pris en charge en UNV, 16 047 avoir une thrombolyse et 6 042 une thrombectomie, chiffre l'Académie.
Mais « de nombreuses UNV sont sous-dotées en personnel (en particulier neurologues, neuroradiologues, IDE, AS), et peinent à assurer la permanence des soins », lit-on. « La situation se caractérise par des fermetures de lits dans certaines UNV, le plus souvent en raison d’un manque d’IDE, parfois de neurologues, amenant plusieurs UNV à réduire leur capacité ou à envisager la fermeture », est-il ajouté. Un patient sur deux n'a pas accès à une USI-NV.
L'Académie pointe en outre des disparités selon les régions - déjà mises en lumière par Santé publique France : le nombre de lits d’USI-NV par million d’habitants varie de 7 (La Réunion) à 20,9 (Occitanie) ; le nombre annuel de thrombectomies par million d’habitants va de 19 (La Réunion) à 126 (Grand Est), ce qui s'explique par un déficit en nombre de centres de thrombectomies.
Par ailleurs, « deux tiers des UNV ne répondent pas à certaines exigences des circulaires ministérielles, principalement par défaut de formation, absence de formalisation de la priorisation de l’imagerie cérébrale, d’évaluation de la performance de la filière, de suivi des patients, de procédures écrites de prise en charge, voire de permanence des soins ».
Des lits et du personnel
L'Académie suggère donc de créer 75 lits d’USI-NV, en plus de 911 lits actuels, en privilégiant l’extension d’unités existantes à la création de nouvelles (sauf sans les régions sous-dotées). « Ces lits d’USI-NV supplémentaires laisseraient la France derrière l’Allemagne et l’Italie (avec 14,7 lits par million d’habitants versus 29,9 et 23,2), mais permettraient la prise en charge de 90 % des patients », argumente-t-elle. Cela suppose, note-t-elle, une durée moyenne en USI de 3 jours et l'existence d'un aval robuste (ce qui fait souvent défaut).
Elle plaide aussi pour développer les centres de thrombectomie, notamment dans 14 UNV qui ont dès à présent une activité suffisante pour justifier l'ouverture d'une telle structure.
La France étant 25e sur 27 pour le nombre de neurologues dans l'Union européenne, l'Académie appelle à en former davantage, ainsi que les neuro-interventionnalistes, et suggère de réfléchir à la participation d'autres spécialistes dotés d'une expertise neurovasculaire dans les USI-NV. En attendant, regrouper certaines UNV trop petites et sous-dotées peut être nécessaire, à condition de préserver les délais d'intervention.
Et de proposer une organisation de la filière AVC par territoire, avec environ 3 UNV (dont une avec thrombectomie) pour 1,2 million d’habitants fonctionnant en réseau et reliées par télémédecine.
Enfin, l'Académie propose de mettre en place une procédure d’accréditation des UNV (sur la base de critères déterminés par la Haute Autorité de santé en lien avec les sociétés savantes et les associations de malades) et d'en faire un préalable à leur financement. Ceci pour éviter que certains centres ne négligent la partie non-interventionnelle, qui n'est pas prise en compte dans la reconnaissance par les ARS des lits d'USI-NV, reconnaissance qui donne droit à l’attribution d'un supplément tarifaire.
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