On l’avait démontré pour les « retraités » de la boxe, on le subodorait pour les « retraités » du football américain… Les antécédents de commotion cérébrale détériorent les performances cognitives des anciens joueurs. C'est ce que montre une récente étude parue dans les « Archives of Clinical Neuropsychology ».
Le département de psychiatrie de la Harvard Medical School est venu confirmer une notion que l’on préférait conserver sous un voile pudique : les commotions cérébrales, altèrent à terme les performances cognitives. La recherche a été conduite par le Dr Roger Strong, chef du département de psychométrie et d’analyse de données au sein de ce prestigieux service de Boston.
L'étude a porté sur 353 anciens joueurs professionnels ayant achevé leur carrière une trentaine d’années plus tôt. Ils ont été évalués à l'aide d’une batterie de tests de mesures objectives de performances, doublée d’une enquête approfondie sur leur carrière professionnelle (nombre d’années de pratique professionnelle, âge de début de leur activité sportive, nombre d’épisodes de commotion rapportés par le joueur ou diagnostiqués…). Ces performances cognitives ont été comparées à celles d'un pool de plus de 5 000 sujets aux caractéristiques démographiques identiques mais n’ayant jamais pratiqué ce sport.
Surveiller le risque cognitif
Les chercheurs ont mis en évidence une association significative entre des dégradations cognitives et le nombre d’épisodes symptomatiques de commotion rapportés par les joueurs.
Les auteurs reconnaissent quelques limites d’interprétation des résultats obtenus, essentiellement concernant l’impossibilité de cerner le niveau des performances cognitives préexistant à la survenue des commotions cérébrales. L'étude devrait néanmoins inciter à améliorer les méthodes de surveillance du risque cognitif, sur le long terme, de ces sports de contact générateurs de commotions cérébrales.
La popularité du football américain est immense aux États-Unis, comme en témoigne le Super Bowl disputé récemment. Plutôt qualifiable de violent lors des contacts en cours de match, ce sport fortement médiatisé a contraint sa fédération, la National Football League (NFL), à mettre en place des recommandations de prévention traumatologique : port obligatoire d’équipements de protection, mesures de mise au repos transitoire parfois imposées aux joueurs, voire réalisation d’un test sanguin récemment développé par Abbott afin de diagnostiquer d’éventuelles lésions cérébrales traumatiques.
R. W. Strong et al, Arch Clin Neuropsychol, 2023. doi: 10.1093/arclin/acad008
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