Alors que se tient ce jour la journée mondiale de l'accident vasculaire cérébral (AVC), l'hôpital Fondation Rothschild présente son projet de recherche Booster* : l'étude en cours vise à identifier au niveau individuel des biomarqueurs sanguins prédictifs du pronostic. L'objectif : réduire le délai de prise en charge et proposer au plus vite le bon traitement, enjeu crucial dans l'AVC.
L'idée est d'établir un diagnostic précoce à partir d'une prise de sang réalisée dans le camion des pompiers ou du Samu. Grâce à un petit appareil, l'analyse pourra être effectuée sur place et permettra d'identifier des marqueurs capables de déterminer s'il s'agit d'un AVC ischémique (85 % des cas) ou hémorragique (15 %), ainsi que le degré de gravité. Le résultat obtenu va permettre d'orienter correctement le patient vers un hôpital disposant d'un plateau technique adapté.
Un patient sur deux présente un handicap lourd après un AVC
En moyenne, rappelle la Fondation Rothschild dans un communiqué, il se passe 160 minutes en France avant l'arrivée du patient à l'hôpital, puis 45 minutes avant la mise en œuvre du traitement. Or, chaque minute compte dans l'AVC pour éviter l'apparition de dommages cérébraux irréversibles.
Dans l'AVC ischémique, la prise en charge consiste à déboucher au plus vite l'artère responsable. Deux types de traitements sont possibles : la thrombolyse (administration intraveineuse d'une substance pour dissoudre le caillot), mais celle-ci doit être réalisée au plus tard dans les 4 h 30 suivant l'apparition des symptômes ; et la thrombectomie mécanique, effectuée à l'aide d'un cathéter. De manière optimale, la prise en charge associe les deux approches.
Néanmoins, malgré ces traitements, la moitié des patients présentent des séquelles avec un handicap lourd en 2021. En cause : une prise en charge trop tardive. D'où l'intérêt de développer des approches innovantes pour réduire les délais.
Au-delà d'un diagnostic précoce, une bonne connaissance par le grand public des principaux signes de l'AVC est essentielle pour gagner du temps : paralysie faciale (déformation de la bouche), hémiplégie (bras ou jambe), aphasie, liste le ministère de la Santé. L'hôpital Fondation Rothschild rappelle également l'importance des services spécialisés pour une prise en charge optimale des patients.
Identifier les résistances aux traitements
Dans le cadre du projet Booster, l'équipe dirigée par le Pr Mikaël Mazighi, neurologue à l’hôpital Fondation Rothschild, cherche à mieux identifier les résistances aux traitements. « Avec une simple goutte de sang, nous pourrons demain définir le degré de résistance du caillot et nous saurons à l’avance quels types de médicaments dispenser et quelles interventions envisager », explique le Pr Mazighi.
Ces travaux devraient aussi permettre d'identifier de nouvelles cibles biologiques permettant de mieux dissoudre les caillots résistants et de développer des cathéters nouvelle génération plus efficaces pour retirer les caillots que le matériel actuel.
L'essai prévoit d'inclure 5 000 patients avec des résultats attendus en 2025. « Ce programme a cinq ans pour faire émerger une médecine personnalisée des AVC en situation d'urgence avec une dotation publique de 9 871 428 € », est-il précisé dans le communiqué.
Le projet Booster a été lauréat en 2019 du quatrième appel à projets recherche hospitalo-universitaire (RHU) en santé du programme d’investissement d’avenir. Le RHU Booster rassemble un consortium transdisciplinaire de 15 partenaires - cinq laboratoires de recherche expérimentale, quatre équipes de recherche clinique et d'imagerie, deux universités et quatre partenaires industriels. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en est l’établissement coordinateur.
* Booster pour Brain clOt persOnalized therapeutic Strategies for sTroke Emergent Reperfusion
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