Alors que nous avions précédemment considéré que les agents de contraste IRM à base de gadolinium avaient une meilleure tolérance que les produits de contraste iodés, ce sentiment se trouva bouleversé en 2006 avec la découverte de l’implication des chélates de gadolinium dans la genèse de la fibrose néphrogénique systémique (FNS) chez des patients avec une fonction rénale altérée (1).
Ces faits vont amener l’agence européenne du médicament à classer en 2010 les différents types d’agents de contraste gadolinés en fonction du risque induit de FNS (2). Le risque le plus faible ayant été attribué aux chélates de gadolinium macrocycliques, tels que le gadotérate de méglumine, le gadoteridol et le gadobutrol. Cette prise de conscience des effets secondaires des agents de contraste à base de gadolinium, et la modification des pratiques de prescription de ces produits a depuis fait significativement diminuer le nombre de cas de FNS dans le monde (3).
En 2014, Kanda et al (4) sont les premiers à mettre en évidence un effet dose entre, d’une part, l’hypersignal T1 spontané des noyaux dentelés et des globi pallidi, et d’autre part le nombre d’injection dans le temps de gadodiamide et/ou de gadopentetate dimeglumine. Cette même équipe parvient en 2015 à montrer que ces effets s’observent avec un agent gadoliné linéaire (gadopentetate dimeglumine), mais pas avec le gadoteridol qui est un agent non ionique macrocyclique (5). Très récemment en 2015, l’équipe de Weberling et al (6) rapporte aussi l’existence de ces hypersignaux T1 spontanés dans les mêmes structures cérébrales avec le gadobenate dimeglumine, qui est un chélate ionique linéaire.
Deux classes
Cette catégorisation en deux classes d’agents de contraste en fonction de la nature linéaire ou pas du ligand du cation Gd3+ paraît similaire à celle déjà établie pour les risques de FNS, à la différence que ces dépôts cérébraux en hypersignal T1 sont retrouvés en dehors de toute insuffisance rénale. D’où l’idée selon laquelle c’est la séparation de l’ion métallique Gd3+ de son ligand qui serait à l’origine de l’accumulation de cet agent de contraste.
La face cachée de l’iceberg
La preuve formelle que ces hypersignaux T1 constatés au niveau du noyau dentelé et du globus pallidus sont bien en rapport avec les injections répétées de l’agent de contraste gadoliné linéaire est apportée en 2015 par des études sur de petites séries autopsiques effectuées par les équipes de McDonald et de Kanda (7). Ces auteurs découvrent la face cachée de l’iceberg, en montrant que les dépôts en question intéressent la paroi endothéliale et l’interstitium neuronal d’autres structures cérébrales, comme la substance blanche cérébelleuse ou frontale, le thalamus, le pont et le cortex frontal. Ce passage extravasculaire de l’agent de contraste est surprenant à l’étage encéphalique, car il a été observé en l’absence de rupture de la barrière hémato-encéphalique. Une fois libéré de son chélateur, le cation Gd3+ a tendance à former des complexes insolubles avec les phosphates ou les carbonates ou les citrates (1). Ces derniers complexes perdent en partie leurs propriétés paramagnétiques et ne sont par conséquent peu visibles en IRM, même s’ils s’accumulent.
(1) Khawaja AZ et al. Insights Imaging. 2015;6(5):553-8
(2) European Medicines Agency. Assessment report for Gadolinium-containing contrast agents. In: Proced. 2010 No. EMEA/H/ A-31/1097
(3) Zhang B et al. PLoS One. 2015;10(6):e0129720
(4) Kanda T et al. Radiology 2014;270(3):834–841
(5) Kanda T et al. Radiology. 2015;275(3):803-9
(6) Weberling LD et al. Invest Radiol. 2015 Sep 8
(7) Kanal E et al. Radiology. 2015;275(3):630-4
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