Lorcasérine : perte de poids sans sur-risque cardio-vasculaire

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Publié le 04/10/2018
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Crédit photo : S. Toubon

Parvenir, à l'aide d'un traitement pharmacologique, à une baisse de poids significative et prolongée, sans sur-risque cardiovasculaire, constitue l'un des Graal poursuivis dans la recherche sur l'obésité. Après les déceptions des premières générations d'analogues des récepteurs sérotoninergiques, la lorcasérine pourrait représenter un nouvel espoir, à en croire les derniers résultats de l'étude CAMELLIA-TIMI publiés dans le « New England Journal of Medicine ».

CAMELLIA-TIMI a impliqué 12 000 patients en surpoids ou obèses (IMC médian de 35) souffrant d'athérosclérose ou de multiples facteurs de risque cardiovasculaire. La moitié d'entre eux ont reçu 10 mg de lorcasérine, 2 fois par jour, et l'autre moitié a reçu un placebo. Après un suivi médian de plus de 3 ans, les chances de perdre au moins 5 % de son poids d'origine étaient 3 fois plus élevées dans le groupe sous lorcasérine que dans le groupe sous placebo (38,7 % contre 17,4 %). Une perte d'au moins 10 % du poids de départ a en outre été observée chez 14,6 % des patients sous lorcasérine, et 4,8 % des patients sous placebo.

Il n'y avait pas de différence significative entre les 2 groupes en ce qui concerne le risque de maladie cardiovasculaire, et notamment en ce qui concerne les valvulopathies (1,8 % contre 1,3 %) et l'hypertension pulmonaire (1,6 % contre 1 %). Ces 2 pathologies sont en effet les principaux sujets de préoccupation avec les agonistes des récepteurs de la sérotonine. Les auteurs précisent toutefois qu'il y a eu 2 fois plus d'interruptions de traitement pour cause de maux de tête, diarrhées et nausée dans le groupe sous lorcasérine.

Cibler un autre récepteur

La première génération de traitements pharmacologiques de l'obésité ne s'est pas révélée « encourageante » rappellent dans un éditorial joint le Dr Julie Ingelfinger et Clifford Rosen de l'école universitaire de médecine Tefts, à Boston. En dépit de leur efficacité, ces traitements ont en effet généré un grand nombre d'effets secondaires. « C'est en particulier, des agonistes des récepteurs à la sérotonine, détaillent les deux éditorialistes, la dexfenfluramine et la fenfluramine stimulent les récepteurs 5-HT2B de la sérotonine, ce qui provoque de l'hypertension pulmonaire et des pathologies valvulaires. D'autres molécules comme l'orlistat, le liraglutide, la naltrexone à longue durée d'action en association avec le bupropion et la lorcasérine sont d'autres options mais des doutes persistent quant à leur effet à long terme. »

La particularité de la lorcasérine est de se fixer aux récepteurs 5-HT2C de la sérotonine, avec une affinité 100 fois supérieure aux récepteurs 5-HT2B. Les récepteurs 5-HT2C sont impliqués, via la voie de signalisation de la pro-opiomélanocortine, dans la régulation de l'appétit.

La lorcasérine est autorisée depuis 2012 par la FDA sous le nom commercial de Belviq, mais elle ne dispose pas encore d'une AMM en Europe. Les données de l'étude BLOSSOM sur 4 008 patients, de l'étude BLOOM sur 3 182 patients et BLOOM-DM sur 604 patients ont toutes montré que la lorcasérine est associée à une perte de poids plus importante et plus prolongée que le placebo.


Source : lequotidiendumedecin.fr