« J’ai beau faire des efforts, les régimes ne fonctionnent pas chez moi ! » Combien de fois avez-vous entendu cette affirmation dans votre cabinet ? Et ces patients pourraient bien être de bonne foi... Une étude israélienne publiée ce jeudi dans « Cell » vient justement faire justice à ces patients, montrant que certains d’entre eux sont en effet incapables de perdre du poids, malgré un régime draconien.
Les auteurs ont suivi une cohorte de 800 personnes représentatives de la population israélienne (54 % de volontaires en surpoids dont 22 % d’obèses), pendant une semaine – soit 46 898 repas. Leurs résultats suggèrent qu’un même régime alimentaire, imposé dans le cadre de mesures hygiénodiététiques, n’aurait pas le même effet d’un patient à l’autre.
Un suivi de la glycémie, minute par minute
Les Dr Eran Segal et Eran Elinav, de l’institut scientifique de Weizmann, ont connecté les participants à un appareil portatif mesurant leur indice glycémique toutes les 5 minutes. Ils ont également relevé régulièrement leurs poids et ont analysé leurs selles, afin de déterminer la composition de leur microbiote.
Ces informations ont été croisées avec celles collectées à l’aide d’une application mobile dans laquelle les volontaires renseignaient leurs habitudes alimentaires et leur activité physique quotidienne. Les patients étaient libres de constituer eux-mêmes leurs menus, et de se conformer à leur guise aux conseils hygiénodiététiques. Seul le premier repas de la journée était standardisé.
Les auteurs ont constaté de fortes variations d’un individu à l’autre, même après un repas standardisé. Ainsi, une heure après l’absorption de 50 g de pain, les taux de glucose étaient en moyenne de 0,44 g/L, avec une variation de plus ou moins 0,31 g/L. 10 % de patients avaient les glycémies supérieures à 0,79 une heure après le repas, et 10 % avaient des glycémies inférieures à 0,15.
Pour illustrer les différences de réponse à une même prise alimentaire, les auteurs citent le cas de cette femme d’age moyen, obèse, prédiabétique, dont le taux de glucose augmentait fortement après la consommation de tomates qu’elle mangeait dans le cadre de son régime. « Chez cette femme, un régime réellement individualisé aurait inclus moins de tomates et davantage d’aliments que l’on considérerait contre-indiqués chez la plupart des autres participants », explique le Dr Elinav. Les auteurs estiment que les consignes diététiques, trop générales, pourraient bien montrer leurs limites, et que des régimes plus personnalisés devraient se montrer plus efficaces.
Un algorythme basé sur le microbiote et l’activité physique
Les auteurs ont établi une corrélation entre le microbiote des patients et leur glycémie une heure après la prise d’un repas standardisé. Ainsi, la présence d’Eubacterium rectale était associée à une plus faible glycémie, au contraire, la présence de Parabacteroides distasonis était associée à une glycémie plus forte, de même que les Bacteroides thetaiotaomicron.
Forts de ces constatations, qui avaient déjà été faites dans d’autres publications, les auteurs ont tenté de mettre au point un algorithme qui s’appuie à la fois sur les paramètres sanguins, les données anthropométriques, les habitudes alimentaires et le microbiote du patient. Ils ont validé cet outil en proposant un régime véritablement personnalisé à la moitié d’une cohorte indépendante, de 100 participants, chez qui ils sont parvenus à réduire les taux sanguins de glucose mesurés après les repas plus efficacement que chez l’autre moitié, qui ne bénéficiant que d’un régime standard.
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