Formation à la chirurgie

Quelle est la place des simulateurs ?

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Publié le 30/01/2017
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Crédit photo : PHANIE

Les simulateurs chirurgicaux vont-ils devenir indispensables dans la formation des jeunes ophtalmologistes ? « Pour l’instant, le coût des appareils (plus de 250 000 €) reste un frein à une diffusion de l’enseignement par la simulation. Mais ce sont des outils vraiment intéressants pour mieux former les internes à l’apprentissage du geste chirurgical », explique le Pr Laurent Laroche, chef de service à l’hôpital des Quinze-Vingts à Paris. « Ma voix a été entendue par l’administration lorsque, président de commission médicale d'établissements (CME), j’ai plaidé pour que l’hôpital fasse l’acquisition d’un simulateur. Et le fait qu’un établissement comme les Quinze-Vingts s’équipe a été une sorte de signal dans la spécialité. Dans la foulée, la Société française d’ophtalmologie a aussi acheté un simulateur », ajoute le Pr Laroche.

Pendant longtemps, l’apprentissage du geste chirurgical s’est fait uniquement dans les blocs. « Le cycle classique, c’était d’observer ce que font les autres puis pratiquer soi-même, avant de l’enseigner aux plus jeunes. Mais il est vrai qu’il y a un « gap » important entre l’observation et la pratique. Pour s’exercer, les internes pouvaient avoir recours à un œil de porc en « wet-lab » mais les sensations n’étaient pas du tout les mêmes que sur un vrai patient », explique le Pr Laroche.

Les appareils actuels permettent de simuler de nombreuses chirurgies ophtalmologiques. « Cela permet de faire de la chirurgie virtuelle de la cataracte mais aussi des chirurgies du segment postérieur de l’œil telles que vitrectomie, rétine, laser intraoculaire… Ces simulateurs sont des outils d’apprentissage très utiles, même s’ils ne reproduisent pas complètement tout ce qu’on peut connaître en situation réelle dans un bloc opératoire », souligne le Pr Laroche en faisant la comparaison avec le célèbre jeu du flipper qui a fait les délices de générations d’étudiants dans les cafés. « Quand on secouait le flipper un peu fort, il faisait « tilt » et « game over ». Avec le simulateur, c’est un peu pareil. Quand l’interne fait une erreur, il doit recommencer. Alors que dans un bloc, si le chirurgien fait une erreur à une étape, il doit poursuivre l’opération en passant à l’étape suivante. Ce qui implique d’être capable de gérer une situation rendue plus difficile par l’erreur initiale ».

Le Pr Laroche estime que ces simulateurs vont s’imposer dans la formation des internes de chirurgie. « On va suivre la même évolution que dans l’aviation. Personne aujourd’hui n’imagine qu’un pilote puisse se former simplement en observant un senior pratiquer. Aujourd’hui, la validité de ces simulateurs chirurgicaux a été confirmée par diverses études ayant comparé de jeunes chirurgiens ayant été formés sur des simulateurs à d’autres ayant reçu une formation classique. L’autre question est de savoir si le fait d’avoir été formé sur simulateur permet de réduire le nombre de complications. Il semble bien que oui même si la question n’est pas complètement tranchée. Certaines études montrent que oui, d’autres que non ».

D’après un entretien avec le Pr Laurent Laroche, chef de service à l’hôpital des Quinze-vingt à Paris

Antoine Dalat

Source : Bilan Spécialiste