À 20 mois, les bébés sont déjà capables « d'auto-critique »

Les bébés sont-ils déjà capables d'avoir un certain recul sur leurs propres pensées et décisions ? Alors que le consensus était que cette capacité n'émerge que vers l'âge de 6-7 ans, et pas avant 4 ans, une équipe du CNRS tend à montrer dans les « PNAS » qu'elle apparaît bien plus tôt dans le développement.

Selon les travaux du Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique (CNRS/ENS/EHESS), des bébés âgés de 20 mois sont capables d'évaluer leur propre incertitude et de partager cette information avec autrui pour atteindre un but.

La barrière du verbe

Louise Goupil, l'auteur principal, explique avoir voulu examiner de plus près chez des bébés « le développement de la métacognition, cette capacité que nous avons d'observer et de réguler nos propres processus cognitifs ». Car il se pourrait que « les limitations métacognitives des enfants soient strictement liées au fait de communiquer (...) verbalement  », indique-t-elle. 

Dans ces travaux, les chercheurs ont mis au point une expérience pour que les enfants puissent « communiquer non verbalement leur propre incertitude ». Les bébés devaient mémoriser l'emplacement d'un jouet caché sous une des deux boîtes présentées devant eux. Après un délai variable (entre 3 à 12 secondes), il leur était demandé de pointer vers l'une des boîtes pour indiquer où ils pensaient que le jouet était caché.

Les bébés incertains demandent de l'aide

Lors de certains essais, le jouet était caché derrière un rideau : impossible pour les bébés de résoudre l'énigme. L'étude montre que les bébés demandent de l'aide pour ne pas pointer du doigt la mauvaise boîte.  Comme c'est aussi le cas quand les délais de mémorisations sont plus longs. « Les bébés, en plus d'analyser leur environnement physique et social, peuvent aussi examiner leurs propres processus cognitifs », conclut Louise Goupil.