Toujours rechercher des signes de gravité

Bientôt une nouvelle définition du sepsis

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Publié le 19/11/2018
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Crédit photo : PHANIE

Si la définition du sepsis a été récemment actualisée pour l’adulte, elle ne peut être extrapolée à l’enfant, pour qui la définition date de 2005. Le groupement international de la Surviving Sepsis Campaign (www.survivingsepsis.org) mène une réflexion sur ce sujet, et une définition pédiatrique du sepsis est attendue prochainement. « Il sera plus facile d’identifier les enfants qui présentent un sepsis afin de permettre une prise en charge plus précoce, explique la Pr Christèle Gras-Le Guen du CHU de Nantes. Les premiers éléments ont été présentés au congrès de l’European Academy of Paediatrics la semaine dernière à Paris, mais la définition n’est pas encore arrêtée. »

Prise en charge hospitalière au moindre doute

« Chez un enfant fébrile, il faut pouvoir, de principe, rechercher la présence de signes de gravité, qui doivent faire suspecter un sepsis et déclencher la prise en charge adaptée : hospitalisation, examen microbiologique et antibiothérapie intraveineuse », résume la pédiatre. L’erreur serait en effet de se lancer dans des antibiothérapies par voie orale sans bilan préalable, au risque de favoriser l’émergence de bactéries résistantes et de perturber l’équilibre du microbiote.

Les signes d’alerte

Les signes de gravité à rechercher chez tout enfant fébrile sont : un Glasgow inférieur à 15, une polypnée (FR > 40 cycles/min avant 2 ans), une tachycardie (FC > 180 bpm avant 1 an et > 160 bpm de 1 à 2 ans), une insuffisance circulatoire périphérique (un temps de recoloration cutanée allongé ≥ 3 s), ou un purpura.

Les signes toxiques sont une altération de l’état général, avec anorexie, pâleur, polypnée, signes de lutte, hypoxie, cyanose, absence de contact ou de marche, douleur dans les jambes, cris inhabituels, fontanelle bombante, déshydratation, vomissements verts.

Vigilance avant 3 mois

« Une attention particulière doit être portée aux nourrissons de moins de 3 mois, chez qui le risque d’infection bactérienne invasive ou sévère est plus fréquent et nécessite des examens et une prise en charge spécifique, prévient la Pr Gras-Le Guen, en soulignant que la sémiologie est plus difficile chez eux, avec un risque d’aggravation rapide. S’ils sont allaités, le risque infectieux est moins important, mais non nul. »

Par ailleurs, jusqu’à preuve du contraire, toute convulsion fébrile chez un nourrisson de moins de 6 mois doit faire envisager une possible méningite bactérienne.

« Il n’est pas inutile de rappeler aux parents que la meilleure arme contre le sepsis reste la vaccination, qui, en ciblant 11 infections depuis le 1er janvier 2018, devrait permettre la diminution des sepsis », souligne la Pr Gras-Le Guen.

Entretien avec la Pr Christèle Gras-Le Guen, chef du service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques au CHU de Nantes

Dr Nathalie Szapiro

Source : Bilan Spécialiste