Des cas d'hépatite infantile d'origine inconnue, d'abord identifiée au Royaume-Uni, ont été détectés chez des enfants dans cinq autres pays d'Europe, a annoncé ce 19 avril le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC). En France, l'agence Santé publique France a affirmé au « Quotidien » que deux enfants de moins de 10 ans atteints d'hépatite aiguë d'étiologie encore indéterminée ont été signalés par le CHU de Lyon et sont en cours d'investigation.
Les informations sur ces deux cas ont été remontées à la suite d'une « recherche active lancée auprès de différents réseaux spécialisés, la Société française d'hépatologie (Afef) et la Société française de pédiatrie », précise l'agence qui insiste sur le fait que « la survenue de ces deux cas n’est pas inattendue et ne témoigne pas, à ce stade, d’un excès de cas en France. Compte tenu de la recherche active de cas qui a été lancée par les autorités sanitaires, d’autres signalements sont probablement à attendre dans les prochains jours. »
En Europe et aux États-Unis
Outre la France et le Royaume-Uni, des cas d'hépatites de l'enfant ont été signalés au Danemark, en Irlande, aux Pays-Bas et en Espagne. En Espagne, trois cas en cours d'investigation ont été rapportés chez des enfants âgés de 22 mois à 13 ans. De l'autre côté de l'Atlantique, les centres américains de contrôle des maladies (CDC) font état de neuf cas suspects identifiés chez des enfants de 1 à 6 ans dans l'Alabama.
Pour l'heure, les enquêteurs britanniques « considèrent qu'une cause infectieuse est la plus probable du fait des caractéristiques cliniques et épidémiologiques des cas », écrit l'ECDC.
Selon le Pr Emmanuel Jacquemin, chef du service d'hépatologie et de transplantation hépatique pédiatriques de l'hôpital Bicêtre (AP-HP) interrogé la semaine dernière par « le Quotidien », les données actuelles ne permettent pas encore d'apprécier l'importance du phénomène, ni même son caractère exceptionnel : « Les hépatites aiguës de cause indéterminée ont toujours existé et représentent 20 à 40 % des hépatites aiguës de l'enfant selon les séries », rappelle-t-il.
Concernant les quelques enfants qui ont dû être transplantés, le Pr Jacquemin insiste sur le fait que les transplantations hépatiques n'ont « rien d'étonnant » en pédiatrie, mais que « les hépatites aiguës n'en sont pas la première indication ». Les indications prépondérantes chez l’enfant sont les cholestases chroniques, dont la plus fréquente est l’atrésie des voies biliaires.
La piste virale
L'Organisation mondiale de la santé s'est également emparée du dossier, estimant dans un communiqué daté du 15 avril que « davantage de cas seront rapportés dans les jours à venir ».
Les 10 premiers cas ont été rapportés en Écosse, le 5 avril 2022, chez des enfants de 11 mois à 5 ans. Les symptômes étaient un ictère, une diarrhée, des vomissements et des douleurs abdominales. L'ensemble des enfants ont été hospitalisés. À la date du 8 avril, on dénombrait 74 cas correspondant à la même définition dont certains ont nécessité une greffe de foie. À la date du 11 avril, aucun décès n'était à déplorer.
Les analyses n'ont révélé aucune présence des virus de l'hépatite A, B, C, D ou E, mais plusieurs enfants souffraient d'une forme sévère de Covid-19 ou étaient porteurs d'un adénovirus. « Le Royaume-Uni a récemment observé une augmentation de l'activité des adénovirus qui co-circulent avec le Sars-CoV-2, indique l'OMS. Le rôle de ces virus dans la pathogenèse n'est toutefois pas très clair. » À ce stade, aucun autre facteur de risque épidémiologique potentiel n'a été identifié.
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