Le virus responsable du Covid-19 fait l’objet de toutes les attentions, mais les autres virus des voies respiratoires hautes de l’enfant sont également en circulation. « Dans les deux semaines qui ont suivi la rentrée scolaire, nous avons reçu bon nombre d’enfants avec des troubles respiratoires (bronchiolites, crises d’asthme fébriles) le plus souvent associés à des rhinovirus, comme à chaque automne. Sur le plan national, contrairement aux deux années précédentes, nous avons compté moins de passages aux urgences pour des bronchiolites chez les moins de deux ans, mais les taux d’hospitalisations ont été du même ordre, explique la Pr Élise Launay, pédiatrie générale et infectiologie pédiatrique, hôpital mère enfant, CHU Nantes. Il a été trouvé très peu de virus du Covid-19 chez ces enfants, ce qui nous renforce dans l’idée qu’ils le transmettent moins que les autres virus (lire page précédente). »
« L’hypothèse avancée est que les récepteurs à ce virus sont moins présents chez les plus jeunes et peut-être aussi sans doute parce que ces enfants sont moins exposés aux situations à risque de transmission (discussion en face-à-face avec les gouttelettes de salive projetées), comme c’était déjà le cas avec le Sars-CoV-1 ou le MERS-CoV », estime la spécialiste.
Pour l’instant, il n’y a pas eu vraiment de cas de coïnfections au virus du Covid-19 et virus des pathologies banales de l’hiver, « mais il est encore trop tôt pour assurer que ce ne sera jamais le cas : c’est donc un point à surveiller », prévient-elle.
Pas de réel changement attendu pour l’hiver 2020-2021
Au vu de ces premiers éléments, les pédiatres hospitaliers s’attendent à avoir une épidémie de bronchiolites comme tous les hivers, qui va saturer le système hospitalier pédiatrique (ce qui n’était pas le cas en mars). Les masques pourront certes limiter les contaminations chez les enfants en primaire mais, comme ce sont surtout les petits en crèche ou en maternelle qui font des bronchiolites, il n’est pas sûr que cette mesure ait un impact sur les bronchiolites. « Le fait que les adultes et les enfants se lavent plus souvent les mains pourrait néanmoins atténuer les risques de propagation des virus de l’hiver. Il est cependant trop tôt pour faire des pronostics. Habituellement, la bronchiolite commence vraiment à faire parler d’elle vers mi-novembre et un pic est observé à la mi-décembre. Nous n’avons donc pas d’autres choix que de nous adapter aux données reçues en temps réel », note la Pr Launay.
Les Trod grippe et Covid intéressants chez les plus grands
« La place des tests de diagnostic rapide (grippe et Covid-19) doit être rapidement définie car ces tests seraient utiles au cabinet du médecin et dans nos services. En effet, il n’est pas possible de faire la différence entre un syndrome grippal et un Covid-19, susceptible de toucher surtout les plus grands. Chez ces derniers, a fortiori en cas de situation à risque (cas-contact ou symptômes très évocateurs), on ne pourra faire l’économie de la PCR ! La problématique se pose moins chez les tout-petits car, devant un syndrome fébrile, un bilan est de toute façon réalisé : on ne peut pas se permettre de passer à côté d’une méningite, d’une infection bactérienne ou d’un sepsis. Chez un enfant avec une symptomatologie inquiétante, il ne faut pas se laisser rassurer faussement par un test Covid négatif et penser d’emblée à une infection bactérienne grave. Pour toutes ces raisons, la demande de tests biologiques devrait être très accrue cette année », prévient la Pr Launay.
Exergue : « C’est aux adultes de redoubler de vigilance face à cette épidémie. Les enfants doivent pouvoir vivre leur vie »
Entretien avec la Pr Élise Launay, pédiatrie générale et infectiologie pédiatrique, hôpital mère enfant, CHU Nantes
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