" Le Quotidien" : Quand parle-t-on de carence martiale ?
Pr Patrick Tounian. Le fer ingéré a pour but de compenser les pertes quotidiennes (menstruelles, digestives et par desquamation cutanée) et assurer les besoins pour la croissance. Si l'ingestion de fer est trop faible, la réserve hépatique en fer (sous forme de ferritine) permet de pallier le déficit, à condition d'être suffisante. On distingue ainsi 2 stades successifs, la déplétion martiale qui se traduit par une diminution isolée de la ferritinémie, et l'anémie par carence martiale.
Quelle est la prévalence de la carence martiale ?
Les prévalences de la déplétion martiale sont de 7 à 18 % chez les jeunes enfants après 1 an et de 24 à 36 % chez les adolescents. Celles de l’anémie par carence martiale sont respectivement de 2 à 8,5 % et 7 à 10 %. Il s'agit de la plus fréquente des maladies nutritionnelles de la planète en pédiatrie. Elle dépasse ainsi largement l'obésité par sa fréquence et surtout sa gravité.
Quelles sont les conséquences de la carence en fer ?
L'anémie et ses complications (asthénie, altération de la croissance) est la plus connue. Mais les conséquences neuropsychiatriques sont les plus graves. Retard du développement cognitif, syndrome dépressif, traits autistiques et troubles de déficit de l'attention/hyperactivité peuvent ainsi résulter d'une carence en fer. Elle entraîne également une susceptibilité accrue aux infections.
Comment assurer les besoins en fer ?
Chez le jeune enfant, la consommation d'au moins un biberon par jour de lait de croissance est le moyen le plus simple et le moins onéreux pour assurer les besoins en fer. Elle devra être poursuivie jusqu'à ce que l'enfant soit capable d'ingérer 100 à 150 g de produits carnés chaque jour, c'est-à-dire 3 à 6 ans selon les cas.
Après cet âge et jusqu'à la fin de l'adolescence, seule la consommation d'un produit carné deux fois par jour permet de prévenir la carence martiale, notamment chez les filles. Le coefficient d'absorption du fer des végétaux est tellement faible qu'il nécessiterait l'ingestion de quantités impossibles à atteindre pour assurer les besoins (130 g de bœuf apportent autant de fer absorbable que 1,3 kg d'épinards ou 1,8 kg de légumes secs).
Cet excès de viandes n'est-il pas délétère ?
Les publications disponibles montrent que la consommation de 2 produits carnés par jour n'a aucune conséquence délétère démontrée chez l'enfant et l'adolescent. Ni risque de cancer du côlon à long terme, ni obésité, ni altération de la fonction rénale. En revanche, il est clairement prouvé que la consommation insuffisante de produits carnés augmente considérablement le risque de carence en fer !
Hôpital Armand Trousseau, Paris
Coordinateur du groupe de travail sur le fer de la Société française de pédiatrie
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024