« Il est important de savoir que le sommeil évolue avec l’âge, indique le Dr Marie-Josèphe Challamel, pédiatre et spécialiste du sommeil de l’enfant à Lyon. La plupart des insomnies du jeune enfant sont une exagération de ce qui est physiologique. Les parents disent : il pleure, il nous réveille. Mais un bébé peut pleurer 2 à 3 heures par jour, ces pleurs sont physiologiques. On parle de pleurs excessifs quand ils surviennent plus de 3 heures par jour, plus de 3 jours par semaine et pendant plus de 3 semaines ».
Chez le jeune enfant, la survenue de brefs éveils nocturnes à chaque changement de cycle est physiologique (quelques secondes à quelques minutes). « Chez le jeune enfant, le cycle de sommeil est plus court que chez l’adulte (1 heure au lieu de 1 h 30 à 2 heures). Un enfant de 3 mois se réveille environ 8 fois par nuit (1 à 10 minutes toutes les heures). Entre 18 et 24 mois, il y a 4-5 éveils par nuit, et à partir de 12 mois, presque uniquement en seconde partie de nuit », détaille le Dr Challamel. « Des parents trop anxieux qui se précipitent auprès de l’enfant au moindre pleur l’empêchent de se rendormir seul. Cela augmente les risques de difficultés de sommeil à 4-5 ans. S’il est normal qu’un tout-petit soit bercé pour être endormi, à partir d’un certain âge il doit apprendre à s’endormir seul », explique-t-elle.
Des causes environnementales
À six mois, un nourrisson devrait pouvoir « faire ses nuits », c’est-à-dire dormir toute sa nuit sans réveiller ses parents (ce qui ne signifie pas dormir sans se réveiller). On parle de troubles du sommeil à partir de l’âge de 6 mois. 25 % à 40 % des enfants de moins de 5 ans ont (ou ont eu) des difficultés de sommeil pendant plus de 3 mois*. 70 % à 80 % d’entre elles sont liées à une cause environnementale : mauvaises habitudes d’endormissement, syndrome de prise alimentaire nocturne, mauvaise hygiène de sommeil, etc. « De nombreuses difficultés de sommeil sont dues à une mauvaise installation du rythme jour/nuit. L’enfant qui s’est réveillé la nuit rattrape son sommeil le matin », souligne le Dr Challamel. Par ailleurs, l’alternance lumière naturelle de jour et obscurité la nuit est importante. « L’enfant doit dormir plutôt dans le noir la nuit et à la lumière du jour la journée ». L’heure du coucher joue également un rôle important. « Un enfant de moins de 6 ans devrait s’endormir avant 20 h 30 », recommande la spécialiste.
Pour éviter les troubles du sommeil, la prévention est importante. En cas de trouble avéré, une prise en charge comportementale des difficultés de sommeil est nécessaire. « Il faut apprendre progressivement à l’enfant à s’endormir seul, faire attention au rythme des siestes, respecter l’heure du coucher le soir, coucher et lever l’enfant à des heures régulières, week-end compris, avoir un rituel du coucher, dormir dans le noir, mais aussi éviter l’exposition aux écrans qui empêche la sécrétion de mélatonine qui déclenche et maintient le sommeil », énumère le Dr Challamel.
Il existe aussi des causes organiques, médicales aux troubles du sommeil. « Cela peut être des causes alimentaires (excès de sucre, insuffisance de lipides, allergie au lait de vache), un reflux gastro-œsophagien, des difficultés respiratoires dues à de grosses amygdales ou encore de l’asthme. Ces facteurs ne représentent que 20 à 30 % des causes des troubles du sommeil », note le Dr Challamel. En pédiatrie, la place des médicaments dans la prise en charge de ces troubles est très peu importante. « Chez l’enfant autiste ou en situation de handicap, un traitement médicamenteux est possible, en particulier avec de la mélatonine », cite la spécialiste. Mais la plupart du temps, la prise en charge comportementale est suffisante.
*Source : Développement des états de vigilance et insomnie du jeune enfant, Marie-Josèphe Challamel, chapitre de « Boris Cyrulnik et la petite enfance », édition Philippe Duval 2016.
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