« Chez les enfants et les adolescents, le confinement a été à l’origine d’une baisse de l’activité physique, d’une augmentation de la sédentarité, avec notamment plus de temps passé devant les écrans, et d’une modification du comportement alimentaire, en particulier en cas d’ennui chez l’enfant ou de stress parental », souligne Aurée Salmon-Legagneur, directrice d’études et de recherche au Credoc.
Selon une enquête menée en ligne par le Credoc, plus de la moitié des parents d’enfants âgés de 3 à 12 ans ont rapporté une augmentation de l’ennui, avec pour corollaire une augmentation de la réactivité alimentaire, de la suralimentation émotionnelle et des consommations en dehors des repas. Quelque 60 % des parents interrogés ont indiqué avoir modifié leurs pratiques, avec plus de permissivité, plus de « fait maison » et de cuisine en famille et plus d’autonomie laissée à l’enfant au moment des repas.
Éviter les carences
« La baisse de l’activité physique a des conséquences psychologiques chez les enfants, mais ne rend pas obèse, alors que les modifications du comportement alimentaire peuvent être à l’origine de déséquilibres nutritionnels, et donc de carences », précise le Pr Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastro-entérologie pédiatriques, hôpital Trousseau (Ap-hp), avant de rappeler les quatre piliers d’une alimentation équilibrée chez les enfants et les adolescents : fer, calcium, acides gras essentiels et DHA (acide docosahexaénoïque) et phytonutriments.
Les besoins en fer sont particulièrement élevés au cours de l’enfance et de l’adolescence et la carence en fer est aujourd’hui un problème planétaire. La Société française de pédiatrie, dans ses recommandations de 2017, avait estimé les besoins en fer absorbé (qui vient essentiellement des produits carnés) à 1,1 mg/j entre 7 et 11 ans, puis à 1,8 mg/j chez les garçons de 12 à 17 ans et de 2,4 mg/j chez les filles de cette même tranche d’âge. La tendance actuelle vers la végétalisation de l’alimentation risque d’accroître l’ampleur de la carence en fer. « On ne peut pas remplacer les produits carnés par des végétaux et, chez les enfants et les adolescents, il faut deux produits carnés par jour », a insisté le Pr Tounian.
Les apports conseillés en calcium dans la population pédiatrique sont élevés, allant de 450 mg/jour entre 1 et 3 ans, à 800 mg/j entre 4 et 10 ans et 1 150 mg/jour entre 11 et 17 ans. Pour assurer leurs besoins, les adolescents doivent ainsi consommer 3 à 4 produits laitiers par jour ou boire de l’eau riche en calcium, mais son goût n’est généralement pas apprécié à cet âge. Une supplémentation est nécessaire si les apports sont inférieurs à 300 mg/j, soit l’équivalent d’un bol de lait.
En matière de sources d’acides gras essentiels, indispensables au bon développement neurologique, les huiles de colza, soja et noix sont les plus équilibrées dans leur rapport oméga 3/6. Les produits de la mer constituent toujours la principale source de DHA, et assurent les besoins à raison d’une à deux portions de poisson par semaine, dont un gras.
Les végétaux apportent des fibres et certaines vitamines, B 9 et C, qui sont principalement d’origine végétale. « Mais les carences en fibres n’existent pas et celles en vitamines ne peuvent apparaître qu’en cas de régime totalement dépourvu de végétaux pendant plus d’un mois », a rappelé le Pr Tounian. L’objectif de cinq fruits et légumes par jour est difficilement accessible chez les enfants, qui ont une appétence plus marquée pour les produits laitiers et carnés que pour les végétaux et, en pratique, la consommation d’un ou deux fruits et légumes quotidiens suffit à couvrir les besoins. Ces quatre piliers mis en place, il ne faut pas oublier de laisser une place pour un produit plaisir en fin de repas.
Exergue : La baisse d’activité physique ne rend pas obèse
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