LES RECOMMANDATIONS de l’ANAES et du Programme national nutrition santé (PNNS) précisent que « l’allaitement maternel exclusif permet un développement optimal du nourrisson jusqu’à 6 mois » (1, 2). Le lait de femme contient en effet des hormones, des facteurs de croissance, des cytokines, des cellules immunocompétentes, etc., et possède de nombreuses propriétés biologiques (3). L’allaitement maternel est associé à un bénéfice cognitif dont il serait dommage de priver l’enfant. Si sa durée est supérieure à trois mois, l’allaitement maternel exclusif diminue l’incidence et la gravité des infections digestives, ORL et respiratoires. S’il est prolongé idéalement six mois, il permet une réduction du risque allergique chez les nourrissons à risque. Il participe par ailleurs à la prévention de l’obésité dans l’enfance et l’adolescence. Devenus adultes, les enfants allaités ont une pression artérielle et une cholestérolémie plus basses que celles des enfants nourris au lait artificiel. Pour la mère, enfin, la perte de poids est plus rapide en post-partum et l’allaitement maternel diminue l’incidence des cancers du sein et de l’ovaire avant la ménopause, et supprime l’augmentation du risque d’ostéoporose lié à la ménopause. La poursuite de l’allaitement exclusif pendant six mois par rapport à une durée de trois à quatre mois permet donc un développement optimal des nourrissons et doit donc être encouragée. Les recommandations de l’ANAES proposent « des conseils d’organisation et des modalités de mise en uvre de l’allaitement maternel et de sa poursuite jusqu’à au moins 6 mois ». C’est pourquoi pendant la période anténatale, une consultation permet d’étudier le projet d’allaitement et de l’adapter à la situation de la mère et du futur bébé. Ce projet doit être élaboré avec les parents. Après la naissance, il est nécessaire de revenir sur ce projet. La discussion évalue le vécu de l’allaitement.
Des informations sur les bénéfices de l’allaitement doivent être fournies, ainsi que sur la possibilité de continuer à allaiter après la reprise du travail. En effet, alors que reprise du travail est souvent synonyme de sevrage, alors même que du sevrage complet à l’allaitement complet beaucoup d’alternatives sont proposées et adaptables à chaque mode de vie et à chaque désir. Un allaitement bien conduit se reconnaît facilement.
Le bébé lors d’un allaitement bien conduit.
Le praticien doit expliquer à la maman les signes d’un allaitement bien conduit. Dans ce cas, le bébé est serein, il pleure rarement et est tonique, « présent ». Il se réveille régulièrement et boit. Les tétées sont efficaces, le bébé est bien accroché au sein, sa succion est vigoureuse et efficace car la déglutition est perceptible. Après la tétée, l’enfant est rassasié et s’endort. Ses urines sont abondantes et il a au moins une selle abondante jaune et grumeleuse par jour. Une prise de poids de 150 g à 200 g par semaine matérialise cette efficacité.
La fatigue maternelle, une cause fréquente d’arrêt.
La « fatigue maternelle » n’est pas liée à l’allaitement lui-même, mais le plus souvent à un rythme de vie inadaptée à la lactation chez une femme trop active ou chez une multipare débordée. Cette fatigue peut entraîner une diminution de la production de lait. Or, les hormones de la lactation permettent à la mère de s’endormir très vite et de passer très rapidement en sommeil profond, très réparateur. Ainsi, les petites siestes sont obligatoires et très réparatrices. Enfin, la plupart des difficultés de l’allaitement maternel peuvent être prévenues et ne doivent pas entraîner systématiquement l’arrêt de l’allaitement (1). Une sensibilité douloureuse est fréquente au début de l’allaitement. La prévention de l’engorgement repose sur des tétées précoces, sans restriction de leur fréquence et de leur durée. Le traitement de la mastite repose sur la recherche des facteurs favorisants, l’observation d’une tétée et l’évaluation de la pratique de l’allaitement pour obtenir un écoulement efficace du lait maternel.
Quoi qu’il en soit l’allaitement surtout chez une mère inexpérimentée doit être étroitement suivi par un professionnel formé : santé et croissance du bébé, conduite de l’allaitement et bien-être de la mère et du couple.
Conflits d’intérêt du Dr Catherine Salinier : interventions scientifiques dans des congrès ou symposium soutenus par l’industrie diététique pour enfant. Références
(1) ANAES. Allaitement maternel. Mise en uvre et poursuite dans les 6 premiers mois de vie de l’enfant. Recommandations, mai 2002.
(2) Allaitement maternel. Les bénéfices pour la santé de l’enfant et de sa mère. Recommandations du PNNS.
(3) Turck D. ; Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie. Allaitement maternel : les bénéfices pour la santé de l’enfant et de sa mère. Arch Pediatr 2005 ;12 Suppl 3 : S145-65.
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