À l'occasion de la Semaine de prévention de la mort inattendue du nourrisson (19 au 23 septembre), les pédiatres, neurochirurgiens et chirurgiens maxillo-faciaux de l’hôpital Femme mère enfant des Hospices civils de Lyon (HCL) ont tenu à rappeler sur certaines recommandations et conseils qui circulent autour de la façon de coucher un nourrisson. « Non les consignes de couchage sur le dos pour prévenir la mort inattendue du nourrisson ne sont pas en contradiction avec les conseils de prévention des déformations posturales du crâne du bébé », lancent-ils.
En avril, les équipes du Centre de référence « Mort inattendue du nourrisson » - HCL ont été sollicités suite à la diffusion d’articles dans les médias indiquant que le couchage sur le dos était dangereux. Une position contre laquelle s’insurge Béatrice Kugener, responsable du centre. « Quand nous avons lu les recommandations de coucher les bébés sur le côté, nous sommes montés au créneau. Le centre a envoyé un article à la Société française de pédiatrie pour une publication aux Archives de pédiatrie. Nous voulons alerter sur le fait que la mort inattendue du nourrisson n’est pas à mettre en relation avec l’augmentation des cas de plagiocéphalie positionnelle. Au contraire, les risques de suffocation ou encore d’étouffement sont plus importants lorsque le nourrisson est couché sur le côté. »
La France est un des pays européens où l’incidence de la mort inattendue du nourrisson est la plus élevée : 0,35/1 000 naissances alors que la moyenne européenne est de 0,25/1 000 naissances. Le couchage sur le côté est un facteur de risque reconnu pour le nourrisson comme le sont les coussins et les cale-bébés.
Un dépistage dès les premières semaines
Concernant la plagiocéphalie, le Pr Arnaud Gleizal, chef de service de la chirurgie maxillo-faciale à l’hôpital Femme Mère Enfant et à l’hôpital de la Croix-Rousse des HCL, souligne : « La plagiocéphalie positionnelle devient un problème important de santé publique de par sa fréquence et ses éventuelles répercussions sur la statique vertébrale et faciale. » Les conséquences ne sont pas seulement d’ordre esthétique, elles peuvent être fonctionnelles. « Si elle n'est pas traitée, la déformation va s’accentuer, puisque le centre de gravité est modifié. Au niveau des yeux qui ne seront pas à la même hauteur, cela peut entraîner des problèmes visuels, et le port de lunettes lui-même peut être problématique. Des scolioses peuvent en découler, et des modifications au niveau de la mâchoire », explique le Pr Gleizal. Un dépistage doit être réalisé dès les premières semaines pour une prise en charge précoce. « Il faut, avant tout, prévenir toute déformation en évitant d’installer le bébé dans de mauvaises positions pendant l’éveil », explique le Pr Federico Di Rocco, neurochirurgien à l’hôpital Femme Mère Enfant-HCL. Parmi les solutions existantes : faire porter une orthèse crânienne mais le port du casque est très contraignant (plus de 20 h par jour, pendant plusieurs mois) et il n'est pas remboursé.
Des ateliers prévention
Une série de recommandations peut être formulée pour le couchage du bébé : sur le dos avec la tête tournée tantôt à droite, tantôt à gauche dès la maternité. L'utilisation de « cale-bébé » pour mettre l’enfant sur le côté et de cocoons qui bloquent la motricité du nourrisson est à proscrire. Lorsque l'enfant est éveillé, il convient de le laisser bouger le plus librement possible.
L’équipe lyonnaise a contacté la Haute Autorité de santé pour accentuer la prévention, qui n’a pas donné suite. Ce 19 septembre, des ateliers de prévention sont organisés à l’hôpital Femme Mère Enfant pour les parents et les professionnels de la petite enfance.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024