LE MARCHÉ des compléments alimentaires a fortement progressé en France ces dernières années. D’un point de vue législatif, un complément alimentaire est défini comme « des denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique, seuls ou combinés ». Contrairement aux médicaments, les compléments alimentaires ne sont pas soumis à une autorisation de mise sur le marché, et les bénéfices allégués, tout comme les risques potentiels aigus ou chroniques liés à leur consommation, n’ont, dans la plupart des cas, pas fait l’objet d’études contrôlées.
Première enquête nationale portant sur les compléments alimentaires.
Afin d’établir une base de données de la consommation des compléments alimentaires, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), dans une étude détaillée de la consommation alimentaire individuelle des Français, a pour la première fois étudié spécifiquement la consommation des compléments alimentaires chez l’enfant au niveau national. Ainsi, au cours de l’enquête INCA 2 (Étude individuelle nationale des consommations alimentaires 2) menée entre 2005 et 2007 sur un échantillon représentatif de la population française vivant en métropole, la consommation de compléments alimentaires a été évaluée à l’aide d’un carnet de consommation sur sept jours consécutifs, ainsi que par un questionnaire portant sur les 12 mois précédant l’étude. Les participants étaient également interrogés sur leurs motivations d’achats, les buts recherchés par la consommation de ces produits ou encore sur le lieu d’achat. Les 1 455 enfants interrogés étaient âgés de 3 à 17 ans.
Les résultats de l’étude INCA 2 offrent un panorama assez complet de la consommation des compléments alimentaires par les enfants. Près de 12 % des enfants interrogés ont consommé au moins un complément alimentaire au cours des 12 mois précédant l’étude. Le taux de consommation est corrélé avec le niveau d’éducation du représentant de l’enfant. La consommation est plus fréquente lors des mois d’hiver et se fait sous forme de cures dans deux tiers des cas, avec une durée moyenne de 75 jours. Parmi les compléments consommés par les enfants, 37 % sont des médicaments. Leur achat est déterminé par le conseil ou la prescription d’un professionnel de santé dans 70 % des cas, et s’effectue en pharmacie dans 78,5 % des cas. Près de 80 % des produits consommés sont à base de vitamines et minéraux. Ces résultats montrent l’importance des bénéfices santé recherchés, comme le confirment les principales attentes exprimées par les enfants ou leurs parents : « lutter contre la fatigue », « rester en bonne santé ou lutter contre les maladies » et « résoudre des problèmes de santé particuliers ». La recherche d’un équilibre alimentaire fait également partie des attentes des consommateurs, plus fréquemment chez les enfants (9,3 %) que chez les adultes (3 %).
Risque de dépassement des limites de sécurité.
Un autre apport de l’étude INCA 2 est d’évaluer les apports nutritionnels totaux des enfants, en tenant compte des compléments alimentaires. En effet, un des risques liés à la prise de compléments alimentaires, en dehors des indications très spécifiques de carence ou de déficience nutritionnelles (vitamine D, calcium, fer) qui concernent certaines populations à risque bien identifiées, est de dépasser les limites de sécurité définies pour chaque micronutriment. Dans nos pays industrialisés, en dehors de ces populations à risque, de troubles du comportement alimentaire ou de régime restrictif, il n’existe pas chez les enfants en bonne santé de risque de déficience en minéraux ou vitamines justifiant une supplémentation. La prise de compléments associée à une alimentation équilibrée expose donc potentiellement à des apports journaliers excessifs dont les effets, à court et à long terme, ne sont pas encore bien connus.
L’enquête INCA 2 montre ainsi que les enfants consommateurs de compléments source de vitamines et minéraux ont, sans tenir compte de ces compléments, une alimentation équilibrée. Leur consommation moyenne de produits laitiers, légumes et poissons est plus élevée que celle les enfants ne prenant pas de compléments, et leurs apports en nombreux micronutriments provenant de l’alimentation (vitamine A, B2, B5, B6, B9, D, magnésium, phosphore, potassium, sélénium) sont supérieurs. Les compléments alimentaires contribuent entre 2 et 3 % des apports totaux en B1, B2, B5, zinc et fer. En tenant compte des apports liés aux compléments alimentaires, le risque de dépassement des limites de sécurité pour la vitamine B6 et la vitamine C augmente légèrement par rapport aux enfants non consommateurs de compléments.
D’après la session d’actualité en nutrition : place des compléments alimentaires chez les enfants. Prs Ambroise Martin, Lionel Laffay et Jean-Philippe Girardet, 18 mars 2010, salon du MEDEC, Paris.
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