Pas de carences chez les enfants avec un régime végétarien, mais un risque plus élevé d’insuffisance pondérale

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Publié le 02/05/2022
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Crédit photo : PHANIE

Les enfants suivant un régime végétarien auraient une croissance et des mesures biochimiques de la nutrition similaires à ceux suivant un régime carné, rapporte une étude canadienne publiée dans « Pediatrics ». Mais le régime sans viande était associé à une probabilité plus élevée d'insuffisance pondérale, « ce qui souligne la nécessité d'une planification diététique minutieuse » pour ces enfants, souligne l’auteur principal, le Dr Jonathon Maguire, pédiatre au St-Michael's Hospital (Toronto), dans un communiqué.

Au Canada, « au cours des 20 dernières années, nous avons constaté une popularité croissante des régimes végétariens » et un « meilleur accès aux alternatives » à la viande, explique-t-il. Depuis 2019, les recommandations des autorités incitent également la population à privilégier les protéines végétales à la viande. Pour autant, « nous n'avions pas évalué les résultats nutritionnels des enfants suivant un régime végétarien », poursuit le pédiatre.

Pour mener cette évaluation, les chercheurs se sont appuyés sur les données, recueillies entre 2008 et 2019, de 8 907 enfants âgés de six mois à huit ans participant à la cohorte « TARGet Kids! », dont 248 suivaient un régime végétarien. Il en ressort que ces derniers avaient un indice de masse corporelle (IMC), une taille et des taux de fer, de vitamine D et de cholestérol similaires à ceux qui consommaient de la viande. Mais ils avaient une probabilité presque deux fois plus élevée d'avoir un poids insuffisant.

Une attention particulière à porter sur la qualité nutritionnelle

« Les régimes alimentaires à base de végétaux sont reconnus comme un mode d'alimentation sain en raison d'une consommation accrue de fruits, de légumes, de fibres, de grains entiers et d'une réduction des graisses saturées […] et semblent convenir à la plupart des enfants », estime le Dr Maguire. Les chercheurs alertent néanmoins sur la nécessaire qualité nutritionnelle des régimes végétariens proposés aux enfants (qui n’a pas été évaluée dans l’étude).

L'insuffisance pondérale étant un indicateur de dénutrition, ils rappellent l’importance de veiller à répondre aux besoins nutritionnels de l'enfant pour soutenir une croissance normale. Selon eux, l’intervention de professionnels de santé peut permettre d’offrir un suivi de la croissance, une éducation et des conseils de nutrition.

En France, un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), publié en novembre 2021, tirait une conclusion similaire. Après examen de près de 5 000 menus proposés en restauration scolaire, dont un quart de menus végétariens, l’agence concluait que l’augmentation du nombre de menus sans viande ni poisson ne modifiait pas l’adéquation des apports nutritionnels des enfants. Selon le rapport, sous réserve que ces menus soient équilibrés, « il n’est pas pertinent de proposer une fréquence maximale » à leur mise en place.

En pratique, des travaux menés par une équipe de l’Inrae à Montpellier avaient observé que l’introduction de menus végétariens dans les cantines scolaires pouvait se traduire par une augmentation de la teneur en acides gras saturés, la viande et le poisson étant remplacés par des produits notamment fromagers et non par des sources de protéines végétales comme les légumineuses. Les chercheurs estimaient alors que l’optimisation de l’apport nutritionnel dans l’alimentation végétarienne des enfants passait par la formation du personnel de restauration scolaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr