« L’organisation actuelle des soins de santé de l’enfant en France n’est pas optimale et insuffisamment intégrée ». Ce constat figure dans une lettre de mission adressée fin septembre par Olivier Véran à la Pr Brigitte Chabrol, la présidente du Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP). Ce courrier du ministre de la santé officialise la mise en place d’une mission confiée à l’Igas sur la santé de l’enfant. « Le rôle de l’Igas est de mener une réflexion sur la pédiatrie afin de mieux garantir l’accessibilité, la qualité et la sécurité des soins aux enfants sur tout le territoire », explique la Pr Chabrol, qui a été nommée comme experte en appui de la mission.
Cela fait plusieurs années que les instances de la pédiatrie souhaitaient que soit menée une réflexion en profondeur sur la santé de l’enfant en France. « Nous avions déjà rédigé un document à l’occasion de l’élection présidentielle de 2017, avec 15 propositions à l’attention des candidats. De manière plus récente, nous avons, avec la Société française de pédiatrie, fait une communication lors du Ségur de la santé [lire p. 28], en présentant 15 enjeux prioritaires pour une réponse adaptée aux besoins de santé de l’enfant et à la pédiatrie ambulatoire et hospitalière », explique la présidente du CNPP.
L’Igas devra, conformément au souhait du ministre, « identifier les principaux déterminants et facteurs explicatifs » des difficultés actuelles : manque de lisibilité des acteurs pour les parents, délais de prise en charge, prise en compte insuffisante de l’ensemble des besoins de santé de l’enfant, méconnaissance et complexité des dispositifs d’accompagnement et soutien aux familles, rigidités du capacitaire hospitalier… « Il est important de réfléchir à la mise en place d’un parcours de soins cohérent tout d’abord pour des actions de dépistage et de prévention chez le tout petit enfant, principalement en médecine ambulatoire. Il faut aussi mieux définir les priorités dans le dépistage et la prise en charge des maladies chroniques, avec une meilleure articulation entre la ville et l’hôpital. Enfin, une autre priorité est de trouver des solutions pour mieux prendre en charge les soins non programmés, car les enfants sont une population très consommatrice de recours aux urgences en particulier hospitalières », indique la Pr Chabrol.
Au sein de l’Igas, la présidente du CNPP souhaite aussi insister sur « la nécessité de faire travailler ensemble tous les acteurs de la santé de l’enfant, ce qui inclut les pédiatres hospitaliers et libéraux, les médecins généralistes mais aussi tous les professionnels non médicaux, les infirmières puéricultrices, les auxiliaires de puériculture », tout en soulignant la nécessité d’augmenter le nombre de pédiatres en formation mais aussi de mieux former les généralistes à la santé de l’enfant.
Les enjeux autour de cette mission sont évidemment majeurs, car ils engagent une réflexion essentielle sur la santé de l’enfant dans notre pays, et la place des pédiatres dans ces parcours de soins. L’accès égal de tous les enfants à des soins de qualité doit rester l’objectif principal de nos organisations.
Entretien avec la Pr Brigitte Chabrol, président du CNP de pédiatrie
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