« Aujourd’hui, pour traiter la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou l’asthme sévère, on ne dispose que de médicaments qui contrôlent les symptômes. Dans notre laboratoire, notre ambition est de pouvoir trouver un jour des médicaments qui interfèrent vraiment avec le génie évolutif de la maladie », indique le Pr Pascal Chanez, chef du groupe « Épithélium bronchique et maladies chroniques des voies aériennes » au sein du laboratoire Adhésion Cellulaire & Inflammation (INSERM/CNRS/université Aix-Marseille).
Un modèle d’épithélium bronchique in vitro
En novembre, le professeur Chanez a reçu un prix de la Fondation pour la recherche : le prix François Petay, qui récompense un chercheur dont les travaux portent sur la BPCO ou autres maladies pulmonaires. « Cela fait de nombreuses années que je travaille sur les maladies chroniques des voies aériennes, en particulier l’asthme et la BPCO. Dans mon laboratoire, nous avons montré l’implication de l’épithélium dans ces deux affections », indique le Pr Chanez. « Nous avons développé un modèle d’épithélium bronchique reconstitué in vitro, à partir d’une biopsie endobronchique d’un patient, obtenu lors d'une endoscopie bronchique. Cet épithélium qui se redifférencie en 21 jours peut être ensuite exposé à divers agents délétères, essentiellement, des allergènes, des virus ou des polluants. Cela nous permet de reproduire la réponse de l'épithélium à une agression aiguë (exacerbation) et/ou chronique qui est une caractéristique majeure de ces affections ».
Le Pr Chanez insiste sur l’approche globale de ces recherches. « Derrière l'épithélium in vitro, il y a des patients bien caractérisés. On essaie ainsi de comprendre l'importance de l'épithélium en fonction de la sévérité et du phénotype des patients. Ces observations ont pour but d'identifier des marqueurs originaux de l'évolution de ces maladies bronchiques. À terme, elles permettront de proposer des cibles thérapeutiques nouvelles », indique le Pr Chanez.
Des inégalités génétiques ?
L’objectif est aussi de comprendre pourquoi tous les humains ne réagissent pas de la même façon à des facteurs de risque identiques. « On sait que seuls 40 % des fumeurs vont développer une BPCO. Le risque est largement majoré quand une personne fume après avoir été exposée in utero au tabagisme de sa mère. Mais dans le même temps, certains fumeurs ne vont jamais souffrir de BPCO », indique le Pr Chanez, en ajoutant que ces inégalités sont peut-être liées à un capital génétique différent selon les individus. « Il est probable que l’épithélium soit soumis dès la période anténatale à un environnement délétère. Seuls certains seront capables de modifier leur épithélium respiratoire conduisant au développement de la BPCO ».
D’après un entretien avec le PrPascal Chanez, pneumologue, université Aix-Marseille
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024