Pour la fondation du souffle, la journée mondiale de l’asthme, le 5 mai dernier, a été l’occasion d’aborder plusieurs points clés, comme l’importance de développer le métier de conseiller en air intérieur, lesquels sont formés à Strasbourg. La fondation entend aussi faire le point sur les particules fines issues des moteurs thermiques : « la mise en place de zones à faible émission, où seuls peuvent circuler les véhicules à faible émission de particules (en fonction de la vignette Crit-Air), permet de mesurer les conséquences en termes de pollution et d’apprécier les effets sur la santé », explique le Pr Bruno Housset (Créteil), président de la fondation du souffle. Selon l’observatoire régional de santé d’Île-de-France, qui a développé, en partenariat avec Airparif et Santé publique France, une méthode de quantification des bénéfices sanitaires attendus à la suite de la mise en œuvre d’une zone à faible émission en région parisienne, ceux-ci sont potentiellement importants : on espère ainsi une baisse jusqu’à 4 % des nouveaux cas d’asthme chez les jeunes. « On a donc tout à gagner à réduire la pollution particulaire, mais cela doit s’accompagner de mesures politiques pour permettre le déplacement des populations dans ces zones », souligne le Pr Housset.
Encore bien des inconnues
En conditions réelles, il est impossible d’isoler les polluants, l’exposition se fait par cocktail. Il existe en outre une grande variabilité de la pollution dans le temps et selon les lieux, ce qui complexifie d’autant les études : « il faut vraiment savoir à quoi les patients sont individuellement exposés, d’où l’intérêt des capteurs individuels », indique le Pr Housset.
Les viroses respiratoires sont aussi des agresseurs extérieurs importants : « il existe un lien entre pic de pollution et survenue d’infections respiratoires dans les 2 à 3 semaines qui suivent, probablement parce que les polluants favorisent l’inflammation et réduisent les défenses locales, note le pneumologue. Cela a d’ailleurs été montré pour le Sars-CoV-2. Par ailleurs, de l’ARN du virus a été trouvé dans des particules de pollution, mais on ne sait pas encore si les nuages de pollution peuvent transporter un virus infectant. »
À l’intérieur aussi
À l’occasion de la Journée Mondiale contre la BPCO, le 20 novembre 2021, la Fondation du souffle souhaite mettre l’accent sur les produits inhalés : cigarette, cigarette électronique (utile si elle aide à arrêter de fumer mais dangereuse si elle devient une porte d’entrée au tabagisme), cannabis, narguilé. Autre volet de cette campagne : la pollution de l’air intérieur aux particules inorganiques, comme les composés organiques volatils (COV), aux polluants organiques et enfin, la pollution en milieu professionnel, avec le problème encore mal connu des nanoparticules. « Une étude menée chez des volontaires sains à qui l’on a fait inhaler des nanoparticules d’or (non toxiques) montre qu’environ 15 minutes après l’inhalation, on voit apparaître des nanoparticules dans leurs urines ; mais, surtout, on en retrouve encore 3 mois après, ce qui signifie qu’elles sont stockées dans l’organisme. Où ? Il en a été retrouvé dans les monocytes de plaques d’athérome. Ces nanoparticules pourraient donc promouvoir l’inflammation et expliquer le lien entre la pollution et l’augmentation de la mortalité cardiovasculaire », alerte le Pr Housset.
Exergue : De l’ARN du Sars-CoV-2 a été trouvé dans des particules de pollution, mais on ne sait pas encore si les nuages de pollution peuvent transporter un virus infectant
Entretien avec le Pr Bruno Housset, président de la Fondation du Souffle et pneumologue au CHI de Créteil
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