Une vaste étude utilisant les données recueillies dans 652 villes de 24 pays a examiné l'impact des pics de PM 10 et PM 2,5 (plus 10 µg/m3) sur les décès totaux, cardiovasculaires et respiratoires (1). Ses résultats sont sans appel. Ils permettent de chiffrer à quel point la pollution, au-delà de l'effet long terme, est toxique en aigu.
« C'est un phénomène que l'on connait depuis le XXe siècle, commente l'éditorialiste. Il suffit de se rappeler l'épisode meurtrier de Fog à Londres en 1952 (2). Mais ce travail met aussi en évidence qu'il existe des disparités. » La chaleur, en particulier, majore l'effet létal de ces particules. Le fait d'être exposé au long cours à des niveaux élevés semble a contrario en partie protéger de la toxicité aiguë.
Enfin, ce corpus important de données a permis d'analyser assez finement les courbes doses-réponses. Résultat : même si, à bas taux, la courbe dose-réponse est plus plate, elle persiste. Ce qui fait dire aux auteurs que « des taux en PM même inférieurs à ceux actuellement recommandés – déjà rarement respectés – ne sont probablement pas dénués de toxicité. »
Des pics par rapport à la pollution « habituelle »
L'analyse porte sur les données récoltées dans 652 villes de 24 pays. Il existe d'importantes disparités entre ces lieux. Le taux moyen annuel en PM 10 est de 56 µg/m3 (dans 598 villes) mais il varie de 11 à 295 µg/m3. De même, le taux moyen annuel en PM 2,5 à 35,6 µg/m3 (dans 499 villes) mais varie de 4,1 à 119 µg/m3. À noter, les taux de PM 10 et PM 2,5 paraissent assez étroitement corrélés.
Au total, 60 millions de décès de toute cause, 20 millions de décès cardiovasculaires et 5,6 décès respiratoires ont été étudiés. Ces décès étaient intervenus lors des « pics » de pollution en PM, ceux-ci étant définis par une augmentation des taux de 10 µg/m3, 2 jours de suite, par rapport aux taux moyens habituels locaux.
Des associations solides entre pic de particules et surmortalité
En moyenne, une augmentation de 10 µg/m3 des PM10 pendant deux jours par rapport aux taux moyens est associée à une augmentation de : 0,44 % (0,39-0,50) de la mortalité totale, 0,36 % (0,30-0,43) de la mortalité cardiovasculaire et de 0,47 % (0,35-0,58) de la mortalité respiratoire.
C'est encore pire avec les PM 2,5. Une augmentation de 10 µg/m3 de PM 2,5 est en effet associée à une augmentation de : 0,68 % (0,59-0,77) de la mortalité totale, 0,55 % (0,45-0,66) de la mortalité cardiovasculaire et de 0,74 % (0,53-0,95) de la mortalité respiratoire.
Même après ajustement sur les polluants gazeux, ces associations restent significatives. Les pics de PM ont donc un effet toxique propre, indépendant.
Une toxicité majorée dans les endroits chauds et peu pollués
L'impact des pics en PM est majoré dans les endroits où les taux moyens annuels sont bas ainsi que là où les températures moyennes sont hautes. Il semble aussi plus important dans les pays à haut PIB.
En fait, il y a globalement une certaine hétérogénéité spatiale d'un pays à l'autre, d'une ville à l'autre. Ainsi, en France comme en Suède, en Finlande et au Royaume-Uni l'association n'est pas significative. « Un certain nombre de facteurs peuvent contribuer à cette variabilité, expliquent les auteurs. La différence de composition des PM, le niveau de pollution à long terme, la susceptibilité des populations ainsi que les différences entre les périodes étudiées. Nous avons en particulier retrouvé un phénomène déjà décrit : là où les taux moyens annuels sont les plus élevés, l'association est la plus faible. Comme si une réponse adaptative s'était mise en place. » Mais celle-ci reste à prouver.
(1) Liu C et al. Ambient Particulate Air Pollution and Daily Mortality in 652 Cities. N Engl J Med 2019; 381:705-15
(2) Balmes John R. Do We Really Need Another Time-Series Study of the PM2.5–Mortality Association? N Engl J Med 2019; 381:774-6
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