La bronchodysplasie pulmonaire (BP) est la complication sévère la plus fréquente en néonatologie. Elle touche toujours deux tiers des très grands prématurés (naissance à moins de 28 semaines d’aménorrhée), et est associée à de nombreuses conséquences sur la santé de l’enfant, dont certaines perdurent la vie durant. Or, le risque de développer cette complication reste délicat à appréhender. Plusieurs facteurs ont certes été bien identifiés : âge gestationnel, poids de naissance et sexe mâle. « Mais il s’y ajoute probablement une prédisposition génétique, variable. Et l’on manque cruellement d’éléments cliniques qui permettraient d’affiner l’évaluation précoce de ce risque de développer une BP chez le très grand prématuré. Avec à la clé la possibilité de se concentrer sur ces nouveau-nés à haut risque », expliquent les auteurs d’une étude menée sur une cohorte prospective de 33 très grands prématurés nés au CHU Haukeland à Bergen en Norvège entre 2011 et 2014, publiée récemment dans l’Open European Respiratory Journal (1). Un constat qui les a amenés à tester si les fonctions mécaniques précoces du nouveau-né reflètent au moins en partie cette susceptibilité à développer cette complication grave.
Les 33 enfants, issus d’une cohorte prospective plus large en population dédiée à l’étude de la très grande prématurité, Prognosis of Extremely Preterm Birth (BabyPEP), ont bénéficié d’une analyse du débit respiratoire sous un mode de ventilation mécanique (volume contrôlé) avec au moins dix minutes d’acquisition des données.
Parmi eux, 18 ont développé une bronchodysplasie modérée à sévère, les 15 autres une forme modérée ou ne l’ont pas du tout développée. L’analyse des données confirme que ceux touchés par la BP modérée à sévère sont plus souvent des garçons et ont tendance à avoir un plus jeune âge gestationnel et un moindre poids de naissance.
Un algorithme pronostique à valider
Plus intéressant, côté débitmétrie, ceux ayant développé une bronchodysplasie modérée à sévère avaient avant même la 48e heure de vie des éléments plaidant pour l’obstruction.
À partir de ces données, les auteurs ont développé un algorithme basé sur des régressions multivariées. « Cet algorithme pronostique intègre le sexe, le poids de naissance (Z score) et le rapport TEF50/PTEF. Il prédit avec une bonne sensibilité le risque de BP modérée à sévère chez ces très grands prématurés. Il reste toutefois à le tester dans de plus larges études pour le valider et préciser ses implications cliniques, résument les auteurs. Si ces résultats se confirment, les cliniciens auront enfin à leur disposition un facteur pronostique permettant de stratifier ces nouveau-nés en deux groupes, dont l’un est à haut risque de développer une BP modérée à sévère. »
(1) Bentsen M. H., Markestad T., Halvorsen T. et al. « Ventilator flow data predict bronchopulmonary dysplasia in extremely premature neonates », ERJ Open Research, vol. 4, no 1, janvier 2018.
https://doi.org/10.1183/23120541.00099-2017
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