Aux États-Unis, l’analyse d’une vaste cohorte pédiatrique a mis en évidence que les enfants handicapés de tout type souffraient deux fois plus d’asthme que leurs pairs non handicapés (1). Ce résultat vient confirmer plus largement ce que des méta-analyses suggéraient, à la réserve près qu’elles concernaient essentiellement pour leur part des enfants atteints de troubles de l’attention. Elle infirme une petite étude mettant en doute ce surrisque. Des résultats qui appellent, en pratique clinique, à dépister scrupuleusement l’asthme dans cette population pour éviter la double peine : handicap plus asthme non pris en charge. Et ce, d’autant plus chez les enfants issus des minorités ethniques, manifestement plus touchés encore que ceux de race blanche non hispaniques.
70000 mineurs dont plus de 11 000 handicapés
L’étude porte sur près de 72 000 familles ayant participé en 2016 et 2017 à l’enquête National Survey of Children’s Health. Soit 71 800 enfants de 8,6 ans (± 0,1) d’âge moyen dont 51 % de garçons, 52 % de blancs non hispaniques.
Dans la cohorte, 11 400 étaient atteints d’un handicap : trouble du comportement, autisme, épilepsie, paralysie cérébrale, handicap intellectuel ou de l’apprentissage et retard visuel, auditif ou de langage.
Au total 7,9 % de la cohorte présente un asthme. L’asthme est renseigné par les parents. Seuls les enfants toujours/présentement asthmatiques ont été retenus.
La prévalence de l’asthme est de 16 % (14,3-17,8) au sein des enfants ayant au moins un handicap, contre 6,5 % chez les enfants en étant exempts. Soit près de trois fois plus d’asthme lors de handicap. Même après multiples ajustements le risque reste plus que doublé (RR = 2,2 [1,9-2,6]).
Perte auditive, paralysie cérébrale, défaut d’apprentissage
Ce ratio est retrouvé chez tous ceux ayant un handicap avéré (RR = 2,77 [2,4-3,2]) comme chez ceux ayant un simple retard (RR = 2,2 [1,8-2,8]). Il est particulièrement élevé chez les enfants ayant une perte auditive (22 % vs 7,9 %), lors de paralysie cérébrale (22 % vs 8 %) ou de défaut d’apprentissage (20 % vs 8,2 %), par comparaison à ceux n’en ayant pas.
En outre, la prévalence de l’asthme chez ces enfants handicapés est encore majorée dans les minorités ethniques par comparaison aux blancs non hispaniques : 19,8 vs 12,6 %, p < 0,001. Cela est surtout vrai dans les ethnies pour les enfants atteints de trouble de l’attention, avec 21 % d’asthme chez eux, versus 14,3 % chez les blancs non hispaniques mais aussi pour les enfants souffrant de troubles de l’audition (29,4 vs 11,7 %), de problèmes de langage (20,6 vs 12,8 %) ou de trouble de l’apprentissage (24,3 vs 15,4 %). En revanche, on a plus d’asthme chez les blancs non hispaniques souffrant de déficit visuel que dans les autres ethnies.
À noter, toutes les associations restent significatives pour tous les handicaps, même après ajustements sur les caractéristiques démographiques et le poids de naissance.
(1) l Xie et al. Estimated Prevalence of Asthma in US Children With Developmental Disabilities. JAMA Network Open. 2020;3:e207728. doi:10.1001/jamanetworkopen.2020.7728
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