« Aujourd'hui, on parle de plus en plus de la BPCO mais on s'appuie, pour cela, essentiellement sur des données d'origine étrangère. En France, il existe peu de données épidémiologiques portant sur la prévalence et la prise en charge de cette maladie. C'est la raison pour laquelle nous avons souhaité mettre en place cette cohorte à un niveau régional », explique la Pr Chantal Raherison-Semjen, pneumologue au CHU de Bordeaux et co-fondatrice de la cohorte. Un projet lancé en 2014 par l'Association des pneumologues privés du sud-ouest (APPSO) et des pneumologues hospitalo-universitaires du Service des maladies respiratoires du CHU de Bordeaux et de l'Université de Bordeaux.
« Nous voulions vraiment bâtir un projet collaboratif en réunissant des pneumologues de CHU, d'hôpitaux généraux et du milieu libéral. Cela nous semblait indispensable pour avoir une vision la plus exacte possible du parcours de soins du patient. Et alors que ces différents univers sont parfois un peu cloisonnés, tout le monde a joué le jeu très vite », indique la Pr Raherison-Semjen, en précisant que, depuis 2014, 2800 patients ont été inclus dans la cohorte.
Au total, une quinzaine de centres participent au projet et chaque pneumologue doit recenser les patients BPCO qu'il suit, en apprécier les stades de sévérité, l'âge, les comorbidités et la prise en charge. Le but est aussi d'améliorer le suivi des patients et chacun doit connaitre les recommandations médicales existantes dans la BPCO, rationaliser les indications thérapeutiques et proposer un accès facile au traitement plus global de BPCO, à savoir la réhabilitation respiratoire, l'éducation thérapeutique, le sevrage tabagique.
Les données recueillies par la cohorte Palomb ont permis de confirmer un phénomène mis en évidence dans d'autres pays : la féminisation de la BPCO. « Dans notre cohorte, 35 % des personnes inclues sont des femmes. Un autre enseignement fort est le fait que la majorité des patients ont des comorbidités. Seulement 28 % d'entre eux ont uniquement une BPCO. Tous les autres ont deux comorbidités en moyenne. C'est un constat très utile : cela veut dire que lorsqu'on prend en charge un patient BPCO, il faut aussi parler d'éducation thérapeutique pour le reste des pathologies du patient. Cela signifie aussi que les généralistes voient forcément ces patients pour prendre en charge ces comorbidités, qui sont diverses : problèmes cardiovasculaires, syndrome d'apnée du sommeil, diabète, anxiété-dépression… », détaille la Pr Raherison-Semjen
Les responsables de la cohorte souhaitent aussi analyser les données de mortalité des patients BPCO. « C'est notre grand projet pour l'année à venir. Nous allons étudier le statut vital des patients BPCO, analyser les causes de mortalité et déterminer les facteurs prédictifs de décès », indique la Pr Raherison, en ajoutant que cette cohorte française permettra, à terme, de faire des comparaisons avec les données des autres pays.
La Pr Raherison-Semjen insiste enfin sur l'indépendance avec laquelle ce projet est conduit. « Nous l'avons monté par le biais d'une convention de mécénat avec la Fondation Bordeaux Université. Et les industriels, qui financent la cohorte, n'ont aucun droit de regard sur elle », précise-t-elle. Au départ, cette cohorte ne devait durer que trois ans mais en 2017, tous les acteurs ont décidé de repartir pour trois années supplémentaires. « On va donc aller jusqu'en 2020 », indique la Pr Raherison-Semjen
Entretien avec la Pr Chantal Raherison-Semjen, pneumologue au CHU de Bordeaux et co-fondatrice de la cohorte Palomb
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