Un travail original de recherche publié dans le Lancet Planetary Health en novembre 2017 ouvre donc pour nous ce nouveau champ de réflexion… et de travaux complémentaires (1). Il s’agit de deux études indépendantes mais dont les objectifs, le design et les méthodes sont complémentaires.
Un risque fracturaire augmenté
Dans la première, les auteurs ont cherché une association entre les mesures à long terme de concentrations de microparticules aériennes de diamètre inférieur à 2,5 μm (PM2,5) et les admissions hospitalières pour fractures liées à l'ostéoporose entre début 2003 et fin 2010. Ils ont exploité pour cela une grande base de données de plus de 9 millions d’assurés américains âgés de plus de 65 ans et vivant dans 13 états du nord-est et de l’est des États-Unis entre le Maine et la Caroline du Sud. Il est rapporté que le risque d'admission pour fractures est plus élevé dans les zones où les concentrations de PM2,5 sont plus fortes : RR 1,041 [intervalle de confiance 95 % : 1,030-1,051]. Ce risque est particulièrement important dans les zones les plus défavorisées économiquement.
Un effet sur la perte osseuse ?
Dans la seconde étude, les auteurs ont évalué l’effet des concentrations à long terme de carbone et de PM2,5 sur les biomarqueurs et la densité minérale osseuse (DMO) dans une cohorte de 692 hommes d’âge moyen (46,7 ± 12,3 ans), de condition économique faible, vivant dans la région de Boston, qui ont été suivis de façon prospective pendant 8 ans. Des concentrations plus élevées de carbone et de PM2,5 mesurées au moment de l’inclusion dans le suivi ont été associées à des taux plus bas de parathormone (PTH) mais sans relation avec la calcémie ou la 25 OH D. Les concentrations élevées de carbone sont associées à une perte osseuse plus importante au col fémoral, qui reste toutefois d’amplitude minime : -0,08 % [intervalle de confiance 95 % : -0,14 -0,02]. Les autres sites (lombaire L1L4, hanche totale, radius au tiers distal et en ultra-distal) ne sont pas affectés. Les concentrations microparticulaires (PM2,5) ne sont pas associées à la perte osseuse.
Dans l’éditorial qui accompagne cet article, Tuan Nguyen, grand spécialiste australien des facteurs de risque d’ostéoporose et de fracture, insiste sur l’intérêt et l’originalité de ces résultats et souligne l’importance du concept émergent d’ « exposome » où les facteurs environnementaux auxquels sont exposés les individus manifestent leur impact sur le risque de maladie et les conséquences en termes de santé publique et de mortalité (2). Une littérature récente, encore peu abondante, vient donner quelque crédit à ce concept qui reste à approfondir, du moins pour ce qui est de l’impact osseux. Les données de la première étude (1) restent fragiles, parcellaires et demandent confirmation…
(1) Prada et al. Lancet Planet Health 2017; 1: e337–47
(2) Nguyen TV. Lancet Planet Health 2017; 1: e311–2
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