Traitement hypo-uricémiant dans la goutte

Allopurinol ou fébuxostat en cas de stratégie à la cible ?

Publié le 29/11/2021

Parmi les nombreuses communications du congrès de l’American college of rheumatology (ACR) 2021, qui s’est déroulé en distanciel, une étude a comparé l’efficacité de l’allopurinol au fébuxostat chez des patients goutteux non équilibrés. Que faut-il en retenir ?

Crédit photo : phanie

Les études antérieures, menées avec des doses fixes des traitements hypo-uricémiants (THU), avaient montré que le fébuxostat à 80 mg/jour était plus efficace que l’allopurinol à 300 mg/jour. Cependant, les essais réalisés avec une stratégie à la cible, sans limitation de la dose maximale, montraient que l’allopurinol était efficace chez plus de 90 % des patients traités. L’objectif de l’étude présentée à l’ACR était de démontrer la non-infériorité de l’allopurinol lorsqu’il est utilisé avec une stratégie de traitement à la cible. 

Une étude en trois phases

Au total, 940 patients avec une goutte non équilibrée (uricémie > 360 µmol/l) ont été inclus et randomisés dans le bras allopurinol (n = 468) ou febuxostat (n = 472). L’étude était répartie en trois phases : la première phase (0-24 semaines) permettait l’adaptation du THU ; la deuxième (25-48 semaines) était le maintien et la troisième (49-72 semaines) l’observance. Le critère principal était le nombre de patients ayant plus d’une crise au cours de la phase 3 (une différence inférieure à 8 % entre les deux bras permettant de démontrer la non-infériorité). La dose maximale d’allopurinol était fixée à 800 mg/jour et celle du fébuxostat à 120 mg/jour. Un tiers des patients inclus devaient avoir une maladie rénale chronique (MRC) de stade 3 (clairance de la créatinine entre 30 et 60 ml/min/1,73m²). La dose maximale d’allopurinol autorisée chez les patients avec une MRC de stade 3 était identique à celle utilisée en cas de fonction rénale normale.

Les caractéristiques à l’inclusion étaient comparables : âge moyen de 62,1 ans ; 98,4 % d’hommes ; indice de masse corporelle de 33,7 ; 37,3 % de MRC stade 3 ; 76,4 % d’hypertension artérielle ; 33,3 % de diabètes de type 2 ; 26,8 % de maladies cardiovasculaires ; uricémie moyenne de 85 mg/l et 16,2 % de tophus. La dose initiale d’allopurinol était de 100 mg/jour et celle du fébuxostat de 40 mg/jour. 

Une efficacité équivalente

À la fin de la phase 3, 35 % des patients sous allopurinol avaient eu au moins une crise comparé à 42 % des patients sous febuxostat. Et 81,1 % des patients avaient une uricémie < 360 µmol/l. Ces résultats démontraient la non-infériorité de l’allopurinol par rapport au febuxostat. La dose moyenne de l’allopurinol était de 382 mg/jour et celle du fébuxostat de 61 mg/jour. Les effets secondaires étaient comparables, y compris les événements cardiovasculaires (tableau 1). De façon intéressante, l’efficacité était identique chez les patients MRC 3, dont 78,8 % de ceux traités avaient une uricémie inférieure à 360 µmol/l.

tableau Rhumato
Tableau 1. Efficacité équivalente de l’allopurinol et du fébuxostat

Cette étude confirme que les deux traitements ont la même efficacité. Le principal facteur prédictif d’efficacité est l’adaptation des doses en utilisant cette stratégie de traitement à la cible. De plus, l’allopurinol, utilisé sans limitation de la dose maximale, semble bien toléré chez les patients avec une MRC de stade 3, qui étaient cependant inclus en trop petit nombre (n = 181) pour évaluer le risque d’allergie cutanée grave (prévalence autour de 0,1 %).

Hôpital Lariboisière (Paris)
O’Dell James et al. Urate Lowering Therapy in the Treatment of Gout: A Multicenter, Randomized, Double-blind Comparison of Allopurinol and Febuxostat Using a Treat-to-Target Strategy. AACR 2021, Abstract 1900

Pr Hang-Korng Ea

Source : lequotidiendumedecin.fr