Fibromyalgie : l’activité physique, le socle de la prise en charge, selon la HAS

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Publié le 10/07/2025
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La Haute Autorité de santé recommande l’activité physique en première ligne dans la prise en charge de la fibromyalgie, loin devant les traitements pharmacologiques (antidépresseurs et antiépileptiques) si besoin. La prudence est de mise pour les opioïdes, dont la prescription doit rester ponctuelle pour les douleurs aiguës et exceptionnelle au long cours.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

« Aider les personnes à mieux vivre avec la douleur », tel est l’enjeu de la nouvelle recommandation sur la prise en charge de la fibromyalgie que publie ce 10 juillet la Haute Autorité de santé, après avoir été saisie par plusieurs associations de patients.

« L’écoute des patients et la reconnaissance de leur souffrance sont un préalable à leur engagement dans les soins, essentiellement non médicamenteux », insiste l’autorité sanitaire dans ses recommandations, appelant à donner des explications approfondies et personnalisées lors de l’annonce du diagnostic. L’activité physique est placée en première ligne, encadrée par un professionnel de l’activité physique adaptée. Les recommandations décrivent une typologie d’exercices physiques, qui tient compte des spécificités de la fibromyalgie.

La fibromyalgie est une maladie reconnue par l’Organisation mondiale de la santé. La douleur chronique diffuse et prolongée (au-delà de trois mois) en est le principal symptôme. La maladie altère les capacités physiques, la réalisation de la vie quotidienne et la qualité de vie. Le diagnostic est clinique en l’absence de biomarqueurs spécifiques.

L’objectif est de « mettre en place des stratégies d’adaptation et d’autogestion de la maladie », avec par exemple alternance de périodes d’activité et de repos, participation à des séances d’éducation thérapeutique ou encore aménagement du poste de travail. Devant « toute forme de vulnérabilité et de situation à risque passée ou présente », le recours à d’autres professionnels (psychologue, psychiatre, travailleur social, etc.) peut être nécessaire. Il s’agit également de « prévenir les risques liés à des pratiques inefficaces, voire dangereuses ».

Attention aux mésusages médicamenteux

La HAS met ainsi en garde contre les mésusages médicamenteux. « À ce jour, aucune autorisation de mise sur le marché pour un médicament n’a été accordée en France dans l’indication de la fibromyalgie », rappelle-t-elle. Certains antidépresseurs et antiépileptiques peuvent être prescrits à faibles doses pour soulager les douleurs, mais « leur bénéfice attendu en traitement de fond reste modeste », lit-on. Ces médicaments sont réservés à la deuxième ligne, après l’évaluation des effets de l’activité physique et des stratégies d’autogestion de la fibromyalgie.

C’est sur les opioïdes que porte le point de vigilance central : « leur recours doit rester exceptionnel au long cours et leur prescription faite après un avis spécialisé », est-il spécifié. Dans les douleurs aiguës, les opioïdes peuvent être prescrits ponctuellement et avec prudence. De même, les antalgiques usuels peuvent être prescrits pour les douleurs incidentes, mais « jamais au long cours ». Lors de chaque renouvellement médicamenteux, une réévaluation est nécessaire (efficacité ressentie, tolérance, mésusage).

Document patient, auto-questionnaire, algorithmes

Quant aux régimes alimentaires restrictifs (sans gluten, sans lactose, etc.), ils n’ont pas d’intérêt dans la fibromyalgie, tranche la HAS, pas plus que les compléments alimentaires en dehors de carences avérées.

Des interventions sans risque, comme les soins thermaux, la méditation, l’hypnose, peuvent être discutées avec des professionnels formés. En 3e ligne, des techniques de neurostimulation peuvent également être proposées après avis.

Auto-questionnaire, critères de diagnostic, algorithmes, des outils sont mis à disposition des professionnels de santé. La HAS indique qu’elle organise le 30 septembre 2025 un « rendez-vous de bonnes pratiques » en ligne avec des experts du groupe de travail, qui répondront aux questions en direct. L’autorité publiera également fin septembre un document d’information destiné aux patients, qui peut être utilisé en appui en consultation.


Source : lequotidiendumedecin.fr