Le jeûne et la restriction calorique sont deux modalités d’intervention nutritionnelle qui sont associées à une amélioration de la santé. Plusieurs modalités de jeûne peuvent être proposées : intermittent (deux jours de jeûne non consécutifs par semaine) ou périodique (plus de deux jours de jeûne consécutifs par semaine).
Récemment, la réduction du temps journalier d’accès alimentaire (time-restricted feeding, TRF), sans diminution de l’apport calorique journalier, a aussi montré des effets bénéfiques dans les modèles animaux. Chez l’Homme, le TRF diminue l’indice de masse corporelle (IMC), améliore la sensibilité à l’insuline, réduit le risque de dyslipidémie et d’hypertension, ainsi que l’inflammation. Des études récentes suggèrent que les effets bénéfiques du TRF peuvent dépendre du moment de jeûne et donc du moment de l’accès alimentaire. L’accès peut être tôt dans la matinée, en milieu ou en fin de journée.
Une meilleure sensibilité à l’insuline
Dans une récente étude randomisée en simple aveugle (1), les auteurs ont comparé l’effet du TRF matinal (accès à l’alimentation entre 6 et 15 heures) à celui du milieu de journée (entre 11 et 20 heures) et aux témoins suivants un régime normal. Au total, 30 volontaires sains non-obèses ont été inclus dans chacun des trois groupes, sans que les évaluateurs n’en connaissent la répartition. Il n’y avait pas de restriction calorique, les participants pouvaient manger de façon ad libitum pendant la période d’accès à l’alimentation. À l’inclusion, les caractéristiques démographiques étaient identiques dans les trois groupes. Après cinq semaines, les participants du groupe TRF matinal avaient une amélioration plus importante de la sensibilité à l’insuline par rapport aux participants du groupe TRF milieu de journée.
De nombreux effets bénéfiques
Par rapport au bras témoin, les participants du groupe TRF matinal avaient une glycémie à jeun plus basse, un IMC et une adiposité plus faibles, un taux sérique des marqueurs inflammatoires (TNF-α et interleuikine-8) diminué, ainsi qu’une diversité plus riche du microbiote intestinal. Seuls les participants du groupe TRF matinal avaient une variation circadienne de certaines adipokines (leptine, ghréline et résistine) et des molécules régulant l’horloge biologique. Aucune différence entre les trois groupes n’a été observée pour la tension artérielle, les dyslipidémies, la qualité du sommeil et l’appétit.
De façon intéressante, les participants des deux groupes TRF avaient un apport calorique journalier plus faible que le groupe contrôle, suggérant qu’une baisse calorique est possible en réduisant uniquement le temps d’accès alimentaire. Dans les deux groupes TRF, l’apport calorique journalier était identique, laissant supposer que les bénéfices observés dans le groupe TRF matinal n’étaient pas liés à la réduction calorique.
Moins s’alimenter le soir
De nombreuses fonctions cellulaires sont régulées par le rythme circadien. Prolonger le temps de jeûne nocturne, en donnant l’accès alimentaire le matin active et amplifie les mécanismes de défense cellulaires qui sont activés la nuit. Par exemple, l’autophagie a un rythme circadien avec un pic d’activité la nuit, période de jeûne pour les organismes diurnes. Son activation est amplifiée par le jeûne nocturne prolongé. Réduire l’alimentation le soir, sans baisser l’apport calorique journalier, améliore donc les marqueurs métaboliques et permettrait de prévenir et/ou d’améliorer certaines maladies.
(1) Xie Z et al. Randomized controlled trial for time-restricted eating in healthy volunteers without obesity. Nat Comm. 2022;13 (1): 1003
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