Bisphosphonates et dénosumab

Nouveaux traitements curatifs des cancers ?

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Publié le 18/02/2016
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Les patients traités pour ostéoporose ont un risque moindre de certains cancers

Les patients traités pour ostéoporose ont un risque moindre de certains cancers
Crédit photo : PHANIE

Dans une étude publiée en 2013, M Banys (1) a effectué des biopsies ostéomédullaires itératives chez 86 femmes avec cancer du sein, sans métastases : 40 ont eu chimiothérapie et acide zoledronique à dose élevée, 46 autres une chimiothérapie seule. Les deux groupes sont comparables. La première biopsie avant traitement met en évidence des cellules tumorales isolées, dormantes (10/1 000 000). La seconde à 12 mois révèle une diminution importante du nombre de ces cellules et la dernière biopsie à 24 mois, une disparition de celles-ci, dans le premier groupe.

Des études épidémiologiques ont mis en évidence une diminution de la survenue de certains cancers chez les patients traités par bisphosphonates pour ostéoporose : pancréas, prostate, sein (2). Liu Y (3) a montré, dans une vaste méta-analyse, une diminution de 15 % du risque de cancer du sein et de 32 % du risque de cancer du sein invasif chez des femmes traitées par bisphosphonates pour ostéoporose. Mais celles-ci avaient aussi arrêté de fumer et augmenté leur activité physique.

Moins de rechutes

Concernant le potentiel antitumoral de ces médicaments administrés à titre adjuvant, c’est-à-dire après le traitement chirurgical du cancer mais avant l’apparition d’éventuelles métastases, les résultats sont discordants pour les bisphosphonates. Toutefois, une méta-analyse récente de bonne qualité et réalisée à l’échelon individuel (4) suggère que les bisphosphonates réduisent de 15 à 20 % le risque de rechute métastatique au cours du cancer du sein exprimant les récepteurs des estrogènes, mais uniquement en période postménopausique. Des données identiques sont disponibles pour le cancer de la prostate traité par déplétion androgénique. Enfin des résultats récents présentés oralement dans un congrès en décembre 2015, suggèrent que le dénosumab réduirait le risque de rechute de cancer du sein d’environ 15 à 20 %, en association avec un anti-aromatase.

Dr Monique Petit-Perrin

D’après la communication du Pr Erick Legrand

(1) Banys M et al. BMC Cancer 2013;13:480

(2) Vinogradova Y et al. Br J Cancer 2013;109(3):795-806

(3) Liu Y et al. Clin Breast Cancer 2012;124(4):276-81

(4) Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group (EBCTCG) Lancet. 2015;386(10001):1353-61


Source : Congrès spécialiste