Les 50 ans de la SFR sont-ils l’âge de la maturité ?
Pr Thierry Thomas. Certes, notre société savante est aujourd’hui celle d’une institution bien établie. Mais ce terme de maturité renvoie aussi l’image de quelque chose d’installé, de figé ou d’immobile. Alors que la rhumatologie reste une spécialité très jeune, très dynamique et tout en mouvement.
Quels sont les atouts de la rhumatologie ?
Notre spécialité est transversale, avec de multiples domaines de compétence. Mais c’est vraiment dans le domaine des pathologies inflammatoires qu’elle est aujourd’hui la plus forte. Nous sommes bien aidés en cela car nous avons beaucoup de traitements à notre disposition. Mais notre spécialité a su aussi mettre en place une recherche et des organisations de prise en charge des patients bien structurées, avec une très bonne collaboration entre les médecins traitants et les rhumatologues, que ce soit en ville ou à l’hôpital. Les différents registres et cohortes, le congrès annuel sont une belle vitrine du rôle que joue ici la SFR. Cette organisation s’est étendue transversalement vers des collaborations plus étroites avec d’autres spécialités, en particulier les gastro-entérologues, les dermatologues ou les internistes. Notre expertise peut nous rendre confiants pour l’avenir sur notre place dans le champ toujours très compétitif des maladies dysimmunitaires.
Quel est son engagement sur le front des maladies osseuses ?
Dans ce domaine, la situation est plus contrastée. Au cours des 25 dernières années, la rhumatologie est progressivement devenue la spécialité de référence pour la prise en charge de ces pathologies, notamment l’ostéoporose, poursuivant une collaboration étroite avec des experts d’autres spécialités. Là aussi, nous avons un arsenal thérapeutique intéressant à notre disposition. Pourtant la prise en charge des malades est très insuffisante en partie parce que nous ne sommes pas arrivés dans ce domaine à structurer des réseaux de soins. Nous avons certainement beaucoup de progrès à faire quant à l'organisation de ces réseaux et la SFR travaille étroitement avec les différentes tutelles sur ce sujet.
Et concernant les pathologies dégénératives comme l’arthrose ?
Force est de constater que les rhumatologues restent gênés dans la prise en charge médicale des patients arthrosiques du fait d'un arsenal thérapeutique très inférieur aux autres champs de notre spécialité, essentiellement ciblé sur une approche symptomatique. À titre d’exemple, l’arthrose érosive des mains est toujours aujourd’hui une maladie difficile à gérer pour le rhumatologue face aux objectifs maintenant classiques de bonne fonction articulaire et de qualité de vie pour nos patients.
Que dire des pathologies tendinomusculaires et du rachis ?
Piliers de la spécialité, elles soulèvent cependant un certain nombre d’interrogations pour la pratique future. Les rhumatologues, forts de leurs compétences et de leur expertise doivent garder et peut-être trouver une place nouvelle dans les circuits de prise en charge des patients souffrant de ces pathologies entre médecins traitants, chirurgiens orthopédistes, médecins du sport ou médecins rééducateurs, pour ne citer que les professions médicales ... Des pistes restent également à explorer : l’appropriation des concepts récents, comme ceux sur les troubles d’équilibre sagittal du rachis, l’investissement dans des travaux de recherche fondamentaux ou cliniques pour mieux comprendre ces maladies, l’amélioration du développement et de l’évaluation de leurs traitements. Les dotations en fonds de recherche et la création d’une structure propre de recherche au sein de notre Société doivent nous y aider, comme c’est le cas dans les autres aires thérapeutiques. Il faut vraiment qu’on réfléchisse à notre valeur ajoutée à l’avenir dans tout ce qui touche à l’appareil musculo-squelettique dégénératif.
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