Est-il possible de faire travailler ensemble rhumatologues libéraux et hospitaliers dans un mode d’exercice innovant ? La question passionne le Dr Christophe Hudry, rhumatologue libéral à Paris, attaché à l’hôpital Cochin, où il réalise des vacations de recherche cliniques. « Nous avons devant nous un véritable défi : celui de construire en rhumatologie un nouveau modèle d’offres de soins. C’est aujourd’hui une nécessité pour plusieurs raisons », estime-t-il.
La première est liée à l’évolution attendue de la rhumatologie hospitalière : « Dans les années à venir, il faut s’attendre à la fermeture d’un nombre important de lits et de services. En effet, avec les énormes progrès thérapeutiques réalisés au cours des dernières années, nous avons beaucoup moins besoin d’avoir recours à des hospitalisations pour des patients atteints de spondyloarthrite ou de polyarthrite rhumatoïde. Ils sont désormais de plus en plus suivis en ambulatoire avec des traitements sous-cutanés. »
De plus en plus, la rhumatologie hospitalière va, selon le Dr Hudry, s’orienter vers la réalisation de consultations d’experts avec un recours à des tests diagnostiques ou à l’imagerie, pas forcément très sophistiquée : « Il y aura toujours des plateaux techniques, mais plus légers, avec un besoin d’expertise rhumatologique à haute valeur ajoutée. Or, le modèle hospitalier actuel ne répond pas vraiment à ces besoins, et celui de ville non plus. »
Un centre de soins ostéoarticulaires ambulatoires
Il est donc nécessaire, pour le Dr Hudry, d’inventer un autre modèle d’offres de soins. C’est à cet exercice qu’il s’est attelé dans le cadre de la chaire d’économie de la santé du Conservatoire national des arts et métiers : « J’ai monté un modèle de centre de soins ostéoarticulaires ambulatoires. Cela se présente sous la forme d’une structure hybride qui réunit à la fois des rhumatologues hospitaliers pouvant y être détachés un ou deux jours par semaine et des libéraux salariés de la structure qui font des vacations d’une journée, mais mieux payées que les actuelles vacations hospitalières. » Le financement en serait assuré par un modèle forfaitaire de 299 € où tout serait inclus : l’avis du spécialiste, les examens complémentaires, les soins d’ergothérapie ou de kiné. « On ne serait ni dans la CCAM ni dans la T2A, mais dans un nouveau mode de financement à expérimenter », résume le rhumatologue.
Il a présenté son projet à la DGS et à l’ARS. « Ils trouvent ça intéressant, rapporte-t-il, mais ils m’ont dit être dans l’attente d’un décret d’application du nouveau PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale] qui pourrait permettre de financer ce type de structures pilotes. »
Un terrain de stage idéal
Selon lui, ce type de structures serait particulièrement bien adapté pour les patients de rhumatologie, « mais tous n’auraient pas vocation à être pris en charge dans ce type de centres. C’est la raison pour laquelle il est prévu de mettre en place des critères d’éligibilité en fonction de la pathologie et de la durée de traitement. Le but est de s’inscrire dans une logique de filière de soins en proposant une prise en charge ambulatoire avec la possibilité de faire hospitaliser facilement un patient si cela est nécessaire ».
Selon lui, un tel projet pourrait trouver sa place dans le cadre de la réforme du troisième cycle des études médicales : « Avec cette réforme, on va avoir besoin de davantage de terrains de stage, alors que, dans le même temps, on risque de fermer des services de rhumatologie. Cette structure hybride serait un terrain de stage idéal pour les nouvelles générations de rhumatologues. »
D’après un entretien avec le Dr Christophe Hudry, rhumatologue libéral à Paris attaché à l’hôpital Cochin
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024