L’échéance est fixée au 1er janvier 2018. Et elle suscite des interrogations chez de nombreux urologues, en particulier ceux exerçant dans le secteur libéral. « À partir de cette date, un certain nombre d’actes techniques, réalisés de manière courante dans les blocs opératoires, ne pourront plus être effectués que par des infirmiers (ères) de bloc opératoire diplômé(e)s d’état (IBODE). Or, dans les cliniques privées, une grande partie des infirmiers (ères) assistant(e)s opératoires ne sont pas titulaires de ce diplôme », souligne le Dr Pierre-Thierry Piechaud, urologue libéral à Bordeaux et membre du conseil d’administration de l’Association française d’urologie (AFU).
Des situations disparates
La situation n’est pas la même dans tous les établissements. « Dans les CHU, en général, pratiquement tou(te)s les infirmiers(ères), qui travaillent comme aides opératoires, sont des IBODE. Mais dans les centres hospitaliers généraux et dans le secteur libéral, ce n’est pas le cas », indique le Dr Piechaud, en précisant qu’une bonne partie des blocs opératoires en France sont concernés par ce décret du 27 janvier 2015. « Au départ, il était prévu qu’il entre en application en 2020 mais finalement, il doit être mis en œuvre dès le 1er janvier 2018. Le délai est donc très serré », ajoute-t-il.
Deux solutions sont possibles pour ces infirmiers(ères) non IBODE. La première est de passer leur diplôme en suivant la filière classique. « Mais l’entrée dans les écoles d’IBODE se fait par concours, la formation dure 18 mois et elle n’est pas financée. Il est donc impossible que tou(te)s les infirmiers(ères) concerné(e)s puissent choisir cette voie. La deuxième solution est celle de la validation des acquis de l’expérience (VAE), qui repose sur trois étapes », indique le Dr Piéchaud.
Une VAE en 3 étapes
La première étape est celle de la constitution du dossier de l’infirmer(ière). « Il/elle doit présenter ses diplômes et ses états de service. L’objectif est d’être déclaré(e) éligible pour l’étape suivante. Et en théorie, tout(e) infirmier(ère), ayant au moins trois ans d’expérience dans un bloc opératoire, doit pouvoir être déclaré(e) éligible. Pour la deuxième étape, l’infirmier(ère) doit faire état de son expérience et de ses acquis dans un certain nombre d’items sur la prise en charge chirurgicale du patient : la démarche qualité, la gestion du risque infectieux, l’organisation et la coordination des soins péri-opératoires… L’infirmier(ère) devra apporter la preuve qu’il/elle a été formé(e) à tous ces items », indique le Dr Piéchaud.
La troisième étape est celle du passage devant un jury régional chargé de valider le dossier de l’infirmier(ère). « Ce jury sera très majoritairement composé de cadres et d’enseignants des écoles d’Ibode et de cadres du milieu professionnel, comme des directeurs de soins infirmiers. Si le dossier n’est pas jugé complet, un délai de trois ans sera a priori accordé à l’infirmier (ère) pour lui laisser le temps de compléter sa formation dans les items manquants. Durant cette période de trois ans, il/elle pourra en principe continuer à travailler normalement », indique le Dr Piéchaud, en ajoutant qu’un « certain flou entoure encore » la mise en place de cette VAE. « Aujourd’hui, il arrive que des internes en médecine travaillent comme assistants opératoires pour gagner un peu d’argent. Avec ce décret, cela ne sera plus possible ».
D’après un entretien avec le Dr Pierre-Thierry Piechaud, urologue libéral à Bordeaux et membre du conseil d’administration de l’Association française d’urologie (AFU).
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