Entretien avec le Pr JEAN-PHILIPPE RYCKELYNCK*
« EN FRANCE, la pratique de la dialyse péritonéale reste encore trop peu développée avec une incidence de 11,5 %, une prévalence de 6,6 % selon les données du Registre REIN en 211 et d’importants écarts régionaux. Dans ma région, en Basse-Normandie, la prévalence est pratiquement de 20 %. Mais globalement, nous avons encore beaucoup à faire pour développer la dialyse péritonéale dans notre pays », explique le Pr Jean-Philippe Ryckelynck. Selon ce dernier, il existe plusieurs freins au développement de la dialyse péritonéale en France. « Le premier est le manque de formation des néphrologues. Pour y faire face, j’ai mis en place un DIU en 2010. La première année nous avons accueilli 21 médecins, puis 27 l’année suivante et 41 en 2 012. Ce DIU s’adresse aux néphrologues mais nous sommes en train de l’élargir aux infirmières de dialyse », précise le Pr Ryckelynck. « Il y a aussi des régions où existe une offre très large d’hémodialyse, ce qui est un frein pour les autres techniques du domicile. On peut également citer le cas de ces patients qui arrivent tardivement ou en urgence en dialyse (environ un tiers des patients incidents) et qui ont recours à des séances d’hémodialyse. Et une fois que le patient est habitué à une technique, il est difficile de lui en faire changer », souligne le Pr Ryckelynck. Le décret du 21 novembre 2011 sur la dialyse péritonéale des personnes âgées pourrait permettre de lever un autre frein. Ce texte permet la prise en charge par l’assurance maladie des actes de dialyse péritonéale réalisés par des infirmiers libéraux dans les EHPAD. « Il s’agit d’un décret très important. Jusque là, la dialyse péritonéale était insuffisamment développée pour les personnes âgées dépendantes car son coût impactait les budgets des établissements et leurs directeurs étaient très réticents à assumer cette charge. Aujourd’hui, on peut penser que l’intervention des infirmiers libéraux, avec un financement de l’assurance maladie, va permettre de développer la dialyse péritonéale pour les personnes âgées », souligne le Pr Ryckelynck. L’autre bonne nouvelle, survenue en 2012, a été l’inscription dans la classification commune des actes médicaux (CCAM) d’un forfait hebdomadaire de prise en charge d’un patient en dialyse péritonéale à hauteur de 56 €. Publié au Journal Officiel du 30 mars 2012, l’avenant à la convention médicale, entérinant la création de ce forfait, précise qu’il vise « à rémunérer les néphrologues pour l’ensemble des activités médicales pour les patients bénéficiant de cette technique de dialyse à domicile. Ce forfait hebdomadaire est unique par patient. Il est facturable une fois par semaine et par un seul néphrologue dans le cadre de l’exercice libéral et une seule fois par l’établissement dans le cadre d’un exercice salarié. « Aujourd’hui, 90 % des actes de dialyse péritonéale sont réalisés dans des établissements publics ou associatifs. Et l’on peut espérer que ce forfait va permettre de développer la dialyse péritonéale dans les établissements privés à but lucratif », indique le Pr Ryckelynck, en précisant que ce forfait ne s’applique pas dans les hôpitaux publics où les néphrologues sont salariés.
*CHU de Caen
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024