Faut-il vérifier à intervalles réguliers les compétences d’un médecin ? Ce sujet sensible fait l’objet d’un large débat dans la profession depuis qu’en 2016 l’ordre des médecins a plaidé pour la mise en place d’une recertification tous les 6 ans. L’idée a ensuite fait son chemin. Et, en mars dernier, les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont mis en place un comité de pilotage sur la recertification des médecins, présidé par le Pr Serge Uzan, doyen honoraire de la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie (Paris), qui devraient rendre ses propositions en septembre prochain.
« La première chose qui nous pose problème est que ce comité comprend des universitaires, des représentants des internes, des externes, des patients mais aucun représentant des syndicats de PH, de médecins libéraux et de chefs de cliniques, déplore le Dr Didier Legeais, président du Syndicat national des chirurgiens urologues français (SNCUF). Ensuite, avant de recertifier, la priorité est, selon moi, de certifier, et donc de vérifier les compétences des médecins à diplôme étranger exerçant en France et de repérer les médecins à diplôme français ayant des pratiques déviantes. »
Dans un communiqué, le ministère de la Santé indique que la recertification des médecins est un concept en application dans de nombreux pays. « Il s’agit d’un processus qui devra tenir compte de la grande diversité des modes d’exercice médical, de la multiplicité des acteurs et d’une évolution accélérée des connaissances et compétences médicales », précise le ministère, en ajoutant que le comité de pilotage, « dans le cadre d’une approche pragmatique », pourrait proposer que la future procédure ne concerne que les médecins diplômés au terme du troisième cycle rénové des études médicales.
« Ainsi, la première promotion concernée serait celle des diplômés de 2021. […] Concernant les médecins actuellement en exercice, qu’ils soient libéraux ou non, ils pourraient s’inscrire dans le processus de recertification, sur le mode du volontariat », précise le ministère en soulignant la nécessité d’être attentif à ce que la recertification ne soit pas un exercice de contrôle, mais un « exercice de promotion et de valorisation ».
Diplômes étrangers et pratiques déviantes
Pour le Dr Legeais, elle ne constitue pas une priorité : « Il faudrait plutôt se mettre à certifier les médecins à diplôme étranger qui, pour certains, exercent sans que les pouvoirs publics n’aient vérifié le niveau de leurs compétences. C’est un sujet qu’on ne peut esquiver, sans stigmatiser personne. Régulièrement, l’Association française d’urologie, notre société savante, fait passer des examens à des collègues à diplôme étranger, et certains n’ont pas la moyenne. Pourtant, via le ministère de la Santé, ils pourront être en plein exercice. »
Selon lui, avant de recertifier des médecins « qui exercent sans problème », il faudrait se pencher sur le cas des urologues ayant une pratique déviante : « On sait tous que certains confrères dérapent. Je veux parler de ceux qui, par exemple, sur une période d’un ou deux ans, se retrouvent avec quatre ou cinq procédures médico-légales sur le dos. On pourrait alors imaginer que le Collège national professionnel d’urologie puisse être saisi du cas de ces médecins par une ARS, l’Ordre ou un établissement. Ensuite, le Collège pourrait se pencher sur le dossier du collègue, voir ce qu’on lui reproche, et, éventuellement, mettre en œuvre une procédure de recertification et d’accompagnement. »
Le président du SNCUF ajoute que si la recertification générale doit être mise en œuvre un jour, elle ne pourra être faite que par des médecins exerçant la même spécialité que les praticiens concernés : « Il faut que cela se fasse entre pairs », affirme-t-il, tout en estimant que ce projet pourrait « être mal perçu par des médecins qui sont déjà en forte souffrance et croule sous les obligations de toute sorte ».
D’après un entretien avec le Dr Didier Legeais, président du Syndicat national des chirurgiens urologues français (SNCUF).
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