« C’est une émotion très particulière que je vis : à la fois une immense joie, parce que le régime de Bachar Al-Assad quitte la Syrie, mais également un immense chagrin, devant les centaines de milliers de morts, prisonniers et disparus par sa faute », raconte au Quotidien le Pr Mahmoud Zureik, épidémiologiste franco-syrien, quelques jours après qu’une coalition de groupes armés, menée par des islamistes radicaux, a provoqué la chute du régime en place depuis près de 50 ans. Car, insiste le médecin de santé publique, qui dirige l’agence Epi-Phare, « il fallait absolument lever l’hypothèque Assad, mais ça ne balaye pas toutes les incertitudes politiques. Certes, ceux qui prennent le pouvoir, des religieux, n’inspirent pas confiance, mais quelque chose s’ouvre et il nous faut avancer. Le peuple syrien n’a pas vécu tout cela pour rien… »
Quant aux perspectives politiques en Syrie, le Pr Zureik - arrivé dans l’Hexagone à 24 ans en 1991, avant d’apprendre le français au Centre Pompidou et d’être formé à l’épidémiologie à Paris 11 - imagine les hypothèses : une période de transition, avec l’éventuelle intervention diplomatique des Nations Unies ou des pays de la région pour stabiliser la Syrie, en continuant à éviter une effusion de sang et un encadrement législatif religieux. « Je ne suis pas trop pessimiste, la Syrie n’est pas l’Afghanistan ! Il ne faut pas se limiter à l’arrivée au pouvoir des islamistes. C’est la fin d’un régime sans équivalent dans le monde… », conclut-il, affirmant se sentir Français et Syrien, avec encore plus d’intensité en ce moment.
Faut-il espérer un horizon positif ? Le Dr Victor Fallouh, cardiologue installé à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), également franco-syrien, se déclare de son côté « dubitatif » sur l’avenir de son pays, qu’il a quitté à la fin des années 80 pour étudier sa spécialité à Amiens. « Il faut voir ce qu’il va se passer, car aujourd’hui, la Syrie appartient à tout le monde, sauf aux Syriens ! C’est une bonne chose qu’Assad soit parti et Jolani [leader de la coalition rebelle, ndlr] a un discours qui fonctionne bien auprès de la population, car il n’a pas tué. »
Mais le praticien entrevoit l’immensité de la tâche dans un pays déchiré et à genoux. « C’est le bordel : la Syrie est un pays de mélanges bizarres, composé de nombreuses minorités. Il faut tout rebâtir, avec plus de 80 % de la population en dessous du seuil de pauvreté ». Celui qui espère pouvoir un jour connaître la paix dans son pays d’origine avait fondé en 2012 l’association humanitaire enfance France-Syrie, pour aider les victimes directes et indirectes de la guerre. « Avec notre équipe de blouses blanches, nous voulions donner une lueur d’espoir au peuple syrien, sans se mêler de la politique », raconte-t-il aujourd’hui, alors que la structure est en sommeil, après des derniers voyages compliqués par le contexte national.
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