Sur les bancs des facs de droit, on a longtemps appris qu’il y avait sous la Ve République une règle non écrite selon laquelle en début de mandat, le premier ministre était forcément un politique, alors qu’en fin de période, le président cherchait plutôt un profil de technicien.
La formule a été bien des fois démentie ces dernières années. Mais l’arrivée de Jean Castex à Matignon en fin de semaine dernière la remet en quelque sorte au goût du jour. C’est un grand commis de l’État qui hérite de Matignon, doublé, c’est plus étonnant, d’un spécialiste des questions de santé qui n’aurait sûrement pas dépareillé avenue de Ségur.
Ce parcours sanitaire (il a été directeur des hôpitaux au ministère, puis dircab de Xavier Bertrand avant de devenir conseiller social de Nicolas Sarkozy à l’Élysée) n’était sûrement pas indispensable pour animer un gouvernement. Relevons tout de même que l’arrivée aux commandes du « monsieur déconfinement » de l’épidémie tombe à point nommé. C’est au minimum une coïncidence et peut-être davantage. D’aucuns parmi les médecins y voient déjà la preuve que la santé est bel et bien passée au premier rang des priorités des pouvoirs publics.
Même si Emmanuel Macron n’a nullement l’intention de faire de sa nouvelle recrue un super ministre de la Santé, la priorité donnée aux questions sociales explique probablement le choix du nouveau chef du gouvernement, alors que l’exécutif a convoqué un Ségur de la santé et qu’il s’apprête à mettre en place un cinquième risque pour financer la dépendance, tout en remettant au goût du jour la difficile réforme des retraites…
La nomination du patron de la CNAM, Nicolas Revel, comme bras droit du nouvel impétrant confirme, s’il en était besoin, la probabilité de ce tournant social. Ce nouveau contexte augure de développements passionnants dans les mois à venir. Même si les blouses blanches doivent rester aux aguets.